Paracha VaétHanan : 10 commandements – à chacun sa version !

Le sefer Devarim (le Deutéronome) est le livre de la répétition. Son contenu, selon la tradition, a été énoncé par Moïse durant les 37 derniers jours de sa vie, peu de temps avant l’entrée du peuple hébreu en terre de Canaan.

Moïse s’exprime face aux enfants d’Israël. Il révèle les fondements de leur alliance avec Dieu à la nouvelle génération, il leur raconte les péripéties de l’épopée de leurs pères. Le rapprochement du sefer Chemot (l’Exode) et du sefer Devarim (le Deutéronome) dévoile des différences textuelles. Que certains événements et propos soient présentés de manière sensiblement différente nous interpelle.

Dans la Torah, il y aurait donc plusieurs façons, cohérentes mais quand même différentes, de traiter les mêmes sujets ? La paracha VaétHanan en est un extrait représentatif.

Pour approfondir ce thème, une petite vidéo et un article qui la commente, sur la paracha de la semaine !

Ce que nous dit la paracha VaétHanan du sefer Devarim (3:23 à 7:11)

Devarim 5:1 à 5:3. « Moïse fit appel à tout Israël, et dit: Ecoute, Israël, les lois et les statuts que je vous fais entendre aujourd’hui; étudiez les et appliquez vous à les suivre. L’Éternel, notre Dieu, a contracté avec nous une alliance en Horeb. Ce n’est pas avec nos pères que l’Éternel a contracté cette alliance, c’est avec nous-mêmes, nous qui sommes ici, aujourd’hui, tous vivants. »

Moïse rappelle aux enfants d’Israël leur engagement dans l’alliance; puis leur remet en mémoire les 10 paroles, (nommées également 10 commandements), en particulier le commandement du chabbat.

Devarim 5:11 à 5:14. « Observe le jour du chabbat pour le sanctifier, comme te l’a prescrit l’Éternel, ton Dieu. Durant six jours tu travailleras et t’occuperas de toutes tes affaires; mais le septième jour est la trêve de l’Éternel, ton Dieu. Tu n’y feras aucun travail, toi, ton fils ni ta fille, ni ton esclave mâle ou femelle, ton bœuf, ton âne, ni tes autres bêtes, non plus que l’étranger qui est dans tes murs; car ton serviteur et ta servante doivent se reposer comme toi. Et tu te souviendras que tu fus esclave au pays d’Égypte, et que l’Éternel, ton Dieu, t’en a fait sortir d’une main puissante et d’un bras étendu; c’est pourquoi l’Éternel, ton Dieu, t’a prescrit d’observer le jour du chabbat. »

Le commandement du chabbat est intéressant car il est présenté sous 2 versions.

Parlons, pour commencer, du cantique du chabbat, LeHa dodi : « Chamor (observe) et zaHor (souviens-toi) ne sont qu’une seule parole, que nous fit entendre Dieu… » Chamor et zaHor sont des termes extraits de la Torah. Véritablement, Dieu a t-t’il dit « chamor » ou bien a-t’il dit « zaHor » ? Pourquoi deux versions différentes dans ces deux livres de notre Torah ?

Continuons sur le thème du chabbat. La version de l’Exode est la suivante : il faut respecter le chabbat car Dieu a créé le monde en 6 jours et s’est reposé le 7ième jour. La version du Deutéronome est : « Observe le jour du chabbat…tu n’y feras aucun travail, toi, ton fils ni ta fille, ni ton esclave mâle ou femelle…car ton serviteur et ta servante doivent se reposer comme toi. » Par ailleurs, la version du Deutéronome rappelle au peuple l’esclavage en Égypte. Ce rappel est absent dans la version de l’Exode.

Ensuite, la paracha devient une paracha pédagogique. Moïse donne une succession d’instructions  et de conseils précis au peuple d’Israël. Y est inséré un sermon qui deviendra le Chema Israël.

Devarim 6:4 à 6:9. « Écoute, Israël: l’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est un ! Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur…Ces devoirs que je t’impose aujourd’hui seront gravés dans ton cœur… Tu les inscriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. »

Dans la haggada de PessaH, quatre enfants posent des questions à propos du Seder. Ces quatre enfants ont des personnalités différentes: l’un est « sage », l’autre « rebelle », le troisième est « simple » et le quatrième est « celui qui ne sait pas poser les questions ». La question de l’enfant « sage » est la suivante : « Quels sont ces statuts, ces lois, ces commandements que votre Dieu vous a imposés ? » La même question se trouve telle qu’elle dans la paracha VaétHanan :

Devarim 6:20 à 6:21. « Quand ton fils t’interrogera un jour, disant: Qu’est-ce que ces statuts, ces lois, ces commandements, que l’Éternel, notre Dieu, vous a imposés? Tu répondras à ton fils: Nous étions asservis à Pharaon, en Égypte, et l’Éternel nous en fit sortir d’une main puissante. »

La valeur spirituelle et sociale des 10 commandements (les 10 « paroles »)

Les 10 commandements sont la base spirituelle de la religion juive et sont le noyau de son code moral et rituel. A savoir que le christianisme et l’islam leur accordent beaucoup d’importance, mais ne les considèrent pas comme un fondement religieux.

Cependant, les 10 commandements ont étés repris par une grande part de l’humanité comme commandements universels. Ils ont inspiré les législateurs et sont à l’origine de nombreuses règles de vie en collectivité. De façon générale, leur valeur sociétale a pris le pas sur leur valeur religieuse.

A chacun sa version ?

La paracha VaétHanan nous incite à nous poser beaucoup de questions concernant la Torah. Pourquoi ces différences d’un sefer (livre) à l’autre ? Quelle est la version à retenir ? Les différentes versions sont-t-elles compatibles ? La vérité est-elle dans le texte ? La Torah a-t-elle eu un seul ou plusieurs auteurs ? Est-ce une évolution normale et logique de l’écriture de la Torah dans le temps ?

A deux moments différents de l’histoire du peuple, les dix commandements sont exprimés de façons différentes. Au moment de la sortie d’Egypte, on insiste sur le rappel de la création du monde, et au moment de l’entrée en Canaan, on insiste sur la mention de la sortie d’Egypte. Ainsi, ces deux événements fondamentaux sont tous deux représentés par notre pratique du chabbat. le « Chamor » et le « ZaHor » sont tous deux nécessaires et complémentaires. La raison « divine » ( Dieu s’est arrêté le 7e jour) et la raison « sociale » ( tes employés doivent se reposer un jour par semaine) du chabbat sont toutes deux exprimées.

Le traité Erouvin du Talmud nous aide à conclure : « Ces paroles ci, comme ces paroles là, sont les paroles du Dieu vivant. »

Les différentes versions, d’un livre à l’autre, seraient donc toutes vraies. Elles seraient là pour nous pousser à la réflexion, nous permettre d’identifier les messages transmis par la Torah et de bien comprendre le sens de ces messages.

 

 

 

 

 

Paracha Devarim : répéter, c’est recréer

Répéter ce que l’on dit clairement devrait être inutile. Et pourtant c’est souvent nécessaire pour être écouté et pour se faire comprendre. Le comportement humain en veut ainsi.

Il est souvent nécessaire de répéter, sous différentes formes adaptées aux différentes situations. Cette pratique s’applique aujourd’hui à la formation, au commerce, à l’éducation, au management… La recherche de l’intérêt, de la compréhension et de l’approbation a besoin de la répétition, sous différentes formes, suivant un fil conducteur unique. Ce principe s’applique-t-il à la tradition juive ?  Que signifie la répétition dans le Judaïsme? Pourquoi Moïse répète-t-il la Torah dans ce dernier livre, qui se nomme « les paroles » en hébreu et « répétition de la loi » (Deutéronome) en Français?

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Le sens de la paracha Devarim du sefer Devarim (1:1 à 3:22)

Le sens de la paracha Devarim est justement la répétition indispensable. La version francisée de Devarim est Deutéronome (deutero nomos) qui signifie « répétition de la loi ». Cette formule nous laisse imaginer une loi solidement ancrée, écrite dans le marbre, que l’on devrait répéter jusqu’à ce quelle soit gravée dans notre cerveau. Le terme hébreu Devarim est beaucoup plus plaisant. Il se traduit par « les paroles » et également par « les choses ». Devarim est un terme très ouvert qui laisse la place à des messages de rigueur autant qu’à des messages d’amour ou d’encouragement agréables à entendre.

D’où vient ce besoin de répétition inscrit dans le Deutéronome ? Des passages de la paracha nous mettent sur la voie.

Devarim 1:3. « Or, ce fut dans la quarantième année, le onzième mois, le premier jour du mois, que Moïse redit aux enfants d’Israël tout ce que l’Éternel lui avait ordonné à leur égard. »

Devarim 1:5 à 1:7. « En deçà du Jourdain, dans le pays de Moab, Moïse se mit en devoir d’exposer ce commandement, et il dit: L’Éternel notre Dieu nous avait parlé en Horeb en ces termes: Assez longtemps vous êtes demeurés dans cette montagne. Partez, poursuivez votre marche, dirigez-vous vers les monts amoréens et les contrées voisines, vers la plaine, la montagne, la vallée, la région méridionale, les côtes de la mer, le pays des Cananéens… »

Quelle est la raison de la répétition, par Moïse aux enfants d’Israël, de cette injonction d’entrer en terre de Canaan ? Moïse s’adresse à une nouvelle génération d’enfants d’Israël. L’entrée en terre de Canaan avait été interdite à la génération précédente car elle avait manifesté sa faiblesse par son refus d’y entrer, suite au rapport décourageant des éclaireurs (les explorateurs) envoyés en reconnaissance. Moïse doit donc tout répéter à cette nouvelle génération.

Quoi qu’il en soit, cette répétition est indispensable : les hébreux qui sont sur le point d’entrer en terre de Canaan sont les descendants des hébreux qui ont quitté l’Égypte. Pour la plupart, ceux-ci ne sont déjà plus de ce monde.

Répéter c’est recréer

Pour Sigmund Freud, le souvenir d’un événement n’est pas le reflet exact de cet événement enfoui dans la mémoire depuis longtemps. Tobie Nathan, professeur de psychologie contemporain, rajoute que l’acte de mémoire est, à vrai dire, un acte de création. Par exemple, le souvenir d’un épisode douloureux de notre vie peut nous faire du bien et nous remplir de fierté; tout simplement parce que nous avons réussi à le surmonter et à le surpasser. Ce sentiment de fierté était totalement absent lors de l’événement. C’est la réminiscence (la répétition virtuelle) de cet événement qui l’a créé.

Revenons à la tradition juive. L’alliance avec Dieu se répète, se renouvelle depuis Abraham, pas tout à fait à l’identique. Nous pouvons discerner divers types d’alliances et de révélations qui se succèdent de génération en génération, d’abord d’Abraham à Isaac, puis d’Isaac à Jacob. Plus tard Moïse sera l’interlocuteur de Dieu pour une alliance renouvelée; plus tard encore, ce sera la mission d’Ezra après le retour de l’exil à Babylone.

Le roi Josias (639 à 609 av.JC) et le grand prêtre Hilkiyahou sont à citer. Ce sont eux qui ont redécouvert le sefer Devarim au cours de la remise en état du Temple de Salomon. De la sorte, ils ont redécouvert la Torah dans sa totalité. Le roi Josias organisera peu après une lecture publique de la Torah à l’attention du peuple, pour que celui-ci renoue avec la spiritualité du Judaïsme. L’alliance aura ainsi été renouvelée. L’expression « répéter c’est recréer » s’applique tout à fait à cet événement.

La répétition de la lecture de la Torah et son apport à notre vie

Traditionnellement nous répétons le texte de la Torah chaque année, paracha après paracha, semaine après semaine. La lecture de la Torah se termine et recommence avec la fête annuelle de SimHat Torah (« joie de la Torah ») célébrée à la synagogue.

Cette lecture de la Torah fait resurgir des épisodes du passé, exacts ou inexacts historiquement, mais fondateurs. Ces épisodes, par la relecture, et la réinterprétation prennent une existence nouvelle. La Torah n’est pas un « nomos » contrairement à ce que laisse entendre l’expression en français « Deutéronome ». Plus qu’une loi, elle est un enseignement sans cesse renouvelé. A chaque lecture quelque chose de nouveau est créé.

Quant à nous-mêmes, chaque fois que nous évoquons les événements de notre passé, nous leur donnons une apparence nouvelle (nous créons, comme dirait Tobie Nathan). Cela nous stimule et nous empêche d’être entravés par ce passé. Rajoutons que dans la tradition juive, la téchouva, par la repentance et l’engagement, nous aide à aller toujours de l’avant en tant qu’individu et plus largement en tant que peuple.

Paracha KoraH : à qui faut-il obéir ?

A qui faut-il obéir ? Après tout, pourquoi faudrait-il toujours obéir à quelque chose ou à quelqu’un ? On aimerait bien pouvoir dire non, cependant l’être humain est grégaire. Il appartient de façon naturelle à un groupe, à une société structurée et pourvue de lois. Sur un autre plan, il obéit aussi à Dieu s’il est croyant. L’obéissance est-elle vraiment une valeur dans la tradition juive? Les enfants d’Israël sont-ils porteurs de particularités sur ce thème ?

Pour approfondir ce thème une petite vidéo et un article qui la commente, sur la paracha de la semaine!

Paracha KoraH du sefer Bamidbar (16:1 à 18:32) :

Les enfants d’Israël sont encore dans le désert et se préparent à entrer en terre de Canaan. L’autorité de Moïse (comme celle d’Aaron) est soudain contestée par KoraH qui se prétend le vrai chef.

Bamidbar 16:1 à 16:3. « Et KoraH…fils de Lévi se leva alors, ainsi que Dathan et Abiram…eux et deux cent cinquante hommes…ils se rassemblèrent contre Moïse et Aaron et leur dirent : C’en est assez de vous, parce que dans toute l’assemblée tout le monde est saint (kadoch) et Dieu est parmi eux. Pourquoi donc vous élevez vous au dessus de l’assemblée de Dieu ? »

KoraH prend comme argument le fait que les membres du peuple sont à priori tous au même niveau (ils sont tous à l’image de Dieu). Moïse et Aaron n’ont donc pas à occuper une place particulière au dessus d’eux.

Bamidbar 16:4 à 16:5. « Quand Moïse l’entendit, il tomba sur sa face. Puis il parla à KoraH et à toute son assemblée : « Au matin l’Eternel fera connaître qui lui appartient, et qui est saint, et qui doit s’approcher de lui… »

Comme l’avait fait Abraham à Sodome et Gomorrhe précédemment, Moïse se tourne vers Dieu et lui demande de trancher la question. Dieu dit alors à Moïse et Aaron :

Bamidbar 16:21. « Séparez vous de cette assemblée, pour que je les extermine en un instant. »

Moïse et Aaron ne veulent pas que toute une assemblée soit victime de la faute d’un seul homme ou d’un petit groupe d’hommes. Ils disent à Dieu :

Bamidbar 16:22. « …Dieu des esprits de toute sorte de chair, est-ce qu’un seul homme pèchera et tu t’indigneras contre toute l’assemblée ? »

L’Éternel prend en compte l’intervention de Moïse et décide d’épargner le peuple, seuls KoraH et son assemblée seront mis hors d’état de nuire:

Bamidbar 16:24. « Parle à l’assemblée en disant : éloignez vous des tabernacles de KoraH, Dathan et Abiram ! »

Bamidbar 16:31 à 16:32. « Et il advint…que le sol qui était sous eux commença à se fendre. Et la terre se mit à ouvrir sa bouche et à les engloutir avec leurs maisonnées, ainsi que tous les humains qui appartenaient à KoraH, et tous les biens. »

Moïse en prenant la défense du peuple, au moment même où il est attaqué par un de ses membres, fait preuve d’une de ses qualités de chef. Dieu aussi fait preuve de ses qualités de leader éternel en écoutant Moïse. Selon le Midrach Tanhouma, Dieu a dit à Moïse : « Tu as dit une bonne chose. Tu as raison. Il faut que je suive ton avis ».

Comment la religion juive traite le sujet de l’obéissance et du leadership ?

Évoquons, bien-sûr, les 10 commandements énoncés par Dieu à Moïse au sommet du mont Sinaï et les 613 commandements inscrits dans la Torah.

Plus tard, le Talmud Erouvin cite 2 types d’écoles de pensée s’opposant, en apparence, au 1° siècle av.JC : celle de Hillel et celle de Shamaï. Hillel était affable, patient, accueillant et humaniste alors que Shamaï était sévère, irascible, strict et rigoriste. L’école de Hillel bénéficiait de la préséance, mais celle de Shamaï n’était pas pour autant rejetée.

Il s’agissait là d’une divergence désintéressée, bienveillante et positive. Les deux écoles de pensées étaient justes, car c’est à la fois dans l’humanité et la rigueur que s’exerce la Loi juive.

De nos jours, la tradition juive prône un leadership par le savoir, l’humilité, l’écoute, la concertation et la réflexion. Elle prône l’obéissance par intime conviction au regard des réalités et à la lumière de la Torah.

En conclusion, donnons un avis : un véritable chef est une personne dotée de compétences reconnues et appréciées par ceux qu’elle dirige, et non pas une personne qui cherche à se faire obéir simplement parce qu’elle porte un nom ou/et un titre.

Un véritable chef sait prendre ses responsabilités pour défendre les autres.

Paracha Chela’h Lekha : de quoi sommes-nous coupables ?

Lorsque nous échouons à mener à bien un projet, nous risquons de tomber dans le piège sournois de la culpabilisation. Nous éprouvons alors un malaise qui bloque notre capacité de réaction. Demandons-nous de quoi nous sommes réellement coupables. De commettre des erreurs ? De ne pas savoir faire les corrections nécessaires ? Ou tout simplement de céder à nos émotions au lieu de les accueillir et de les canaliser ?

Pour approfondir ce thème une petite vidéo et un article qui la résume, sur la paracha de la semaine!

 

Paracha Chela’h Lekha du sefer Bamidbar (13:1 à 15:41) :

Après la traversée du désert, le grand projet des enfants d’Israël est mis à mal : l’entrée sur le territoire de Canaan se révèle périlleuse.

Bamidbar 13:1 à 13:2. « Et l’Eternel parla à Moïse en disant : envoie des hommes afin qu’ils explorent le pays de Canaan que je donne aux enfants d’Israël. »

Moïse envoie des éclaireurs (explorateurs) qui devront donner un avis sur le comportement et l’étendue des populations de Canaan, ainsi que sur les ressources diverses de ce territoire. A leur retour les éclaireurs rapportent leurs observations à Moïse et au peuple :

Bamidbar 13:27 à 13:32. « Nous sommes entrés au pays où tu nous as envoyés et, vraiment, il ruisselle de lait et de miel, et en voici les fruits !…Toutefois, il est indéniable que le peuple qui habite dans le pays est fort et que les villes fortifiées sont très grandes…Nous ne pouvons monter contre le peuple car il est plus fort que nous…Le pays par où nous sommes passés, pour l’explorer, dévore ses habitants… ce sont des hommes d’une taille extraordinaire… »

Le rapport des éclaireurs décourage et bloque totalement le peuple qui refuse d’aller plus loin en s’insurgeant contre Moïse et Aaron.

Bamidbar 14:4. « Ils allèrent jusqu’à se dire l’un à l’autre : donnons nous un chef et retournons en Égypte ! »

Moïse, considère les éclaireurs coupables de décourager le peuple et le peuple coupable de faiblesse. Refusant que tous cèdent à la culpabilité, il s’adresse à Dieu :

Bamidbar 14:17 à 14:19. « Et maintenant, s’il te plaît, que ta force devienne grande, ô Éternel…Éternel lent à la colère et miséricordieux, pardonnant la faute et la transgression, mais en aucune façon n’exemptant de la punition… Pardonne, s’il te plaît, la faute de ce peuple… comme tu as pardonné à ce peuple depuis l’Égypte jusqu’ici. »

L’Éternel répond à Moïse :

Bamidbar 14:20. « Je pardonne selon ta parole. »

Dieu a pardonné, à la demande de Moïse, à l’ensemble du peuple. Ils ont commis une faute, mais c’est justement à cela que sert le pardon. Il  n’y a rien à pardonner aux gens parfaits. C’est lorsqu’il y a une faute ou  une erreur que la pardon est nécessaire. Le midrach raconte que Dieu lui-même a insisté pour que le pardon soit accessible également aux « méchants ». Ce pardon vise à dépasser la faute, à aller au-delà de la punition, à traiter le problème globalement afin d’aller au plus vite vers la solution. Ceci en identifiant les personnes capables de mener à bien le projet comme Caleb de la tribu d’Issachar, et Josué.

Bamidbar 14:25. « Alors que les Amalécites et les Cananéens habitent dans la basse plaine, demain changez de direction et mettez-vous en marche pour le désert par l’itinéraire de la mer Rouge. »

Puisque l’entrée en Canaan n’est pas possible, une alternative est trouvée. Des péripéties seront surmontées et le projet des enfants d’Israël aboutira.

 Que nous apporte la tradition juive dans de telles circonstances ?

Culpabilité et punition doivent être mises au second plan. La priorité est la recherche des clés d’une réussite collective, afin que tout blocage cède et que l’action reprenne. Lorsque le but ne peut être atteint immédiatement, il faut limiter la casse, et faire en sorte que le but puisse être atteint par la suite.

Cette paracha est à mettre en relation avec Yom Kipour qui est la fête du jugement par soi-même et du pardon des erreurs pour parvenir au recommencement. La Amida, élément central des offices, nous invite à ne pas nous appesantir sur notre culpabilité. N’oublions pas la Téchouva, processus de repentance par la reconnaissance des fautes et la prise d’engagements, ainsi que notre devoir d’entre-aide collective.

Pour conclure :    Plutôt que de nous sentir coupables, essayons de devenir capables!