« Le dress code et la Torah » et  » Torah et créativité » – vidéos pour ce chabbat

Il y en aura pour tous les goûts ! 5 vidéos sur la paracha de ce chabbat:

  1. la vidéo « classique » Sur Un Pied, que je fais toutes les semaines, avec les thèmes, le zoom sur un verset, une idée et une question Quizz – sur ma chaine youtube Floriane Chinsky
  2. la vidéo « réflexion » sur le thème « le dress code et la Torah » – sur la chaine youtube de JEM et en podcast
  3. Trois vidéos « au cœur des sources » pour approfondir deux questions dans le texte même de la torah et des commentateurs en hébreu, avec Rachi, Ibn Ezra et le Natsiv : 1 la liberté d’interprétation, 2 les « causes » de l’intervention divine pour libérer les hébreux.

Et pour faire bonne mesure, vous trouverez après ces vidéos l’intégralité du texte « Dresse code et Torah » en version écrite!

Chabbat chalom pour toutes et tous, rendez-vous chabbat prochain avec un « chabbat plein ».

Paracha Tétsavé « Sur Un Pied », que vous trouvez toutes les semaines sur ma chaine youtube:

Paracha Tétsavé « commentaire rabbinique », chaque semaine, l’équipe rabbinique de JEM se relaie pour partager ses réflexions:

Paracha Tétsavé « au coeur des sources », régulièrement, je partage des sources que je traduis et que j’analyse à partir de l’hébreu, pour permettre à chacun et chacune de comprendre comment fonctionnent les sources juives:

Réflexions sur la paracha: Le dress code et le judaïsme

Quel rapport entre le maquillage et les vêtements des prêtres ? Cette question peut sembler surprenante ! pourtant, notre tradition apporte plusieurs réponses.

Version audio pour judaïsme en mouvement, version écrite sur mon site web, version vidéo sur ma chaine youtube et mon insta. Discutez en en famille etc…

La question qui se pose pour nous au quotidien est : Comment nous habillons-nous pour aller à l’école ou au travail ? Quelle liberté avons-nous ? Quelles contraintes s’imposent à nous ? Ces contraintes sont-elles explicites (on nous dit quoi faire), ou implicites (on est censé deviner). Et dans ce dernier cas, que se passe-t-il pour les personnes qui ne « devinent » pas ?

La question dans notre paracha est la même, a ceci prêt que ces questions sont appliquées aux prêtres. Comment s’habillent-ils, quelle est leur liberté, qui prend en charge la fabrication de leurs vêtements ?

Notre paracha, tétsavé, décrit longuement les vêtements attribués au grand prêtre pour son service ainsi que les préparatifs qui permettront à toute l’équipe de prêtrise d’entrer en fonction. Nous sommes dans la xxe paracha de la torah, et le thème, c’est l’apparence au service de la mission, les vêtements des prêtres au service de leur fonction. Pourquoi décrire tout ce cérémoniel en détail ? Les vêtements et l’apparence ont une grande importance personnelle et sociale. Se vêtir est une besoin premier, pour protéger son corps du froid et des blessures. Cela représente également un besoin social, nous sommes jugé.es sur notre apparence. Le texte de la torah ne passe pas ce thème sous silence. On aurait pu imaginer que les prêtres se débrouillent seuls pour composer leur tenue d’apparat. Ils auraient eu la charge de la concevoir et de la réaliser. Ils auraient également pu imposer leur propre style, mettre leurs vêtements au service de leurs propres ambitions.

Mais la torah prévoit la façon dont ils seront habillés. Ils ne portent pas seuls la charge de réaliser leurs vêtements. Ils n’ont pas le privilège de décider de leur tenue. Leur rôle professionnel est défini par le collectif et les couts liés à ce rôle sont pris en charge par le collectif. En ce sens, revêtir des vêtements magnifiques n’est pas un privilège pour eux mais un devoir. Leurs vêtements ne sont pas à leur propre gloire, leur but est de servir leur fonction. Pour répondre aux questions que nous posions, on peut dire que

1 les prêtres ont-ils la liberté de leur vêtements : non

2 les contraintes sont elles explicites : oui

3 sont elles à leur charge : non

Cette transparence est très importante, et elle justifie selon moi les longs passages qui parlent des vêtements des prêtres, dans cette paracha et à de nombreuses reprises dans la torah. Vous y penserez peut-être en cherchant la tenue appropriée le matin, lorsque vous vous préparez à différents événements de la vie quotidienne. Comment s’habiller pour un rendez-vous amoureux ? Pour un entretien d’embauche ? Pour un jour de rentrée des classes ou pour une soirée d’anniversaire ? Pour un oral d’examen (cravate à la fac) ?

Avons-nous une liberté ? Les contraintes sont-elles explicites ? Sont-elles ou non à notre charge ?

Certaines contraintes peuvent être juridiques, puisqu’il est juridiquement obligatoire de sortir habillé. D’autres se jouent au niveau de l’acceptation sociale, une femme jugée habillée « masculine », un homme vêtu de façon jugée « féminine », une personne jugée « cheap » dans son habillement ou le contraire, toutes ces personnes risquent de rencontrer des préjugés.

Dans nos vies sociales, on peut choisir nos ami.es, qui devraient nous respecter, nous, aussi bien que notre style vestimentaire. Est-ce bien le cas ? Quelles sont les limites de l’acceptable en société ? Pour une petite mise en situation, voici le défi que je vous propose : la fête de Pourim approche, selon le judaïsme, il est socialement admis de s’habiller dans des vêtements du genre opposé, et de se déguiser de toutes les façons. Ceci est admis, et même souhaitable, contribuant à la joie de la fête et à notre capacité d’auto-dérision. Avez-vous des préjugés concernant le fait de vous déguiser ? d’où viennent-ils ? Dans quelle mesure désirez-vous les remettre en question à l’occasion de la fête de Pourim, qui approche ? Ceci vous donnera également un indice de l’acculturation que nous pouvons avoir à la « respectabilité à la française », dont les critères sont différents des critères juifs traditionnels.

Le conformisme vestimentaire se pose encore plus fortement dans le monde du travail. Comme pour les prêtres. Notre style vestimentaire professionnel est jugé. De lui dépend notre capacité de gagner l’argent nécessaire à notre nourriture et notre logement, la considération dont nous avons besoin pour travailler. Il faut cirer ses chaussures. La sociologie se penche elle aussi sur ces questions. La torah prévoit la prise en charge des vêtements du grand prêtre de façon explicite. Notre société, au contraire, fait reposer le devoir de se soumettre « volontairement » et d’assumer seul.es la prise en charge de notre apparence. Ainsi, dans l’article « Discipliner les corps dans les métiers de production et de service » de 2019 (voir la référence sur mon site) les autrices soulignent que « Le maquillage exigé des femmes travaillant respectivement en restauration et en coiffure nécessite du temps et de l’argent pour acquérir divers produits de beauté, à leurs frais, et au-delà de ce qu’elles pourraient utiliser à titre privé ». Elles poursuivent « Si tout.e salarié.e doit mettre son corps en conformité avec les normes édictées par l’entreprise en termes d’apparence, l’apprêtement et d’endurance, la réalisation de ce travail esthétique non rémunéré (ou très mal rémunéré) implique des couts inégaux pour les femmes et les hommes, à la fois sur les plans économiques et temporels. Financièrement, le travail de l’apparence attendu des employées dépasse le seul port de l’uniforme payé par l’employeur (Mathieu) ou d’une tenue jugée correcte (Denave et Renard). » Pour répondre toujours aux trois mêmes questions, dans nos sociétés, bien souvent :

1 nous n’avons qu’une liberté vestimentaire limitée

2 les contraintes ne sont pas très explicites, une personne venant d’un autre milieu risque d’être discriminée

3 elles sont à notre charge exclusive, sauf port d’un uniforme, ce qui est une autre, vaste question.

Pour conclure, quel rapport entre les vêtements du grand prêtre et le maquillage ? Nous avons évoqué déjà Pourim, son invitation au déguisement, au maquillage fantaisiste, son invitation à dépasser les apparences à travers l’abolition des normes sociales vestimentaires et la minimisation du jugement critique. De son côté, Kipour semble à l’opposé puisqu’on y parle du cérémonial du grand prêtre comme dans notre paracha. Mais les opposés parfois se rejoignent. Kipour = yom hakipourim, traduit par « jour des expiations » mais également par « le jour qui est comme pourim ». L’habillage léger et sans jugement de Pourim n’est pas moins cathartique et transformatoire que l’habillage pesant des cérémonies de Kipour. Les vêtements du grand prêtre ne sont pas plus valables et respectables que les pas de côtes des déguisements de Pourim. L’éthique juive n’est pas une éthique de la respectabilité des apparences, mais de l’utilisation des vêtements à des fins de renforcement des libertés et de cohésion sociale. En nous donnant des indications sur le dress code, le judaïsme n’impose pas de normes « il faut bien s’habiller, comme à Kipour » mais des règles du jeu communes : voyons ce qu’on peut tirer d’un dress code sérieux à Kipour voyons ce qu’on peut tirer d’un dress code fantaisiste à Pourim, testons notre capacité de distanciation, explorons nos choix à Kipour, à Pourim, et chaque jour de notre vie.

Deux autres éléments à noter: La fête de Kipour, la plus connue du judaïsme, propose à toutes et à tous de se vêtir de vêtements blancs. Dans le monde achkénaze, ces vêtements ont une autre particularité : ce sont ceux que nous porterons au moment de notre mort. Ici, plus de jeu, ou de « fonctions », chacun, chacune, est invité à être présent uniquement pour renouveler son rapport à la vie, pour soi-même, à égalité devant notre commune condition mortelle.

La fête de Tou béav est au contraire la fête la moins connue du judaïsme. Le blanc y est également à l’honneur. Les jeunes femmes qui cherchent à se marier sont invitée à emprunter des vêtements blancs, pour efface les inégalités sociales, puis à aller danser dans les vignes en invitant les prétendants à se présenter, les enjoignant à dépasser les apparences.

Selon vous, ai-je réussi à rapprocher le maquillage féminin aujourd’hui et les questions vestimentaires des prêtres dans notre paracha ? Avez-vous des réflexions complémentaires ? Je serai heureuse de les partager, et je répondrai à vos commentaires sous ma vidéo youtube et sous mon compte insta.

Un commentaire sur “« Le dress code et la Torah » et  » Torah et créativité » – vidéos pour ce chabbat

  1. Le droit du travail encadre la tenue vestimentaire des salariés au nom de la sécurité, de l’image de l’entreprise (contraindre les femmes à porter des talons), de la laïcité (interdiction du port de signes religieux distinctifs) et mille autres raisons. Et, la pression sociale encadre le port de vêtements surtout féminins d’ailleurs jugés souvent comme trop courts, trop moulants, trop .. D’ailleurs, l’autorisation pour les femmes de porter un pantalon n’est en France légalement possible que depuis 2013… S’habiller, c’est souvent vouloir porter le signe distinctif de son milieu social, de son statut ou de son âge … mais c’est un message codifié dont on a ou non les clefs pour y être acceptés et reconnus. 

    On peut dire : « Montre moi ce que tu portes, je te dirai ce que tu es ou ce que tu souhaiterais être » Le vêtement est un langage après n’avoir été qu’un habit

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