L’enfer est parfois pavé de bonnes intentions. Je pense que ce qui s’est passé pour cette lectrice de mon livre « des femmes et des dieux », qui m’a demandé de « m’exprimer clairement sur le douloureux sujet de la souffrance des Gazaouis ». Je lui réponds, mon article est à la fin de ce post… שבת שלום שלום un chabbat de paix profonde et réelle à vous toutes et tous!
Rendez-vous ce soir et demain matin à Surmelin! 18h45 et 10h30, avec un Kidouch de BM, mazel tov à Clémence !
Ce soir à 18h45 nous appliquerons à notre façon la coutume de sonner du chofar dés le mois de Eloul.
Rappel: cours par zoom ce mardi: Mardi 24 septembre 19h-20h30– Ancrer un nouvel avenir : Yzkor et Néila infos et inscriptions ici: https://rabbinchinsky.fr/2024/09/02/kol-nidre-selihot/
Pour vous inscrire officiellement à Roch Hachana et Kipour, je crois que tout est en ordre pour les inscriptions en ligne, et surtout bloquez vos dates. Voici également un petit document pour me communiquer vos souhaits concernant les offices de tichri: https://framaforms.org/quelques-questions-pour-preparer-kipour-2024-questions-rabbiniques-1719482627

Lettre à une lectrice en quête de paix
Madame,
Au cours de votre lecture du livre « Des femmes et des dieux » dont je suis co-autrice, vous prenez la peine de m’écrire. Vous vous dites : « Floriane Chinsky ne peut pas approuver le sort fait aux Gazaouis ». Vous avez raison, je n’approuve pas le sort fait aux Gazaouis, leur situation est déchirante, la situation de l’ensemble de ce territoire est déchirante. Vous « n’oublie[z] pas les horreurs du 7 octobre », et je pense aussi à toutes les autres victimes israéliennes depuis ce jour. Je n’approuve pas, et personne n’a demandé mon approbation. Cela est d’ailleurs tout à fait normal : je ne vis pas en Israël, je n’y vote pas, je ne suis pas une experte en relations internationales ni en géopolitique. Si on me demandait mon avis, la bonne réponse serait : parlez aux gens sur le terrain, parlez aux merveilleuses personnes qui luttent pour la paix là-bas. Pour que la paix arrive, il faut mettre en avant les discours des personnes concernées, informées, en capacité d’agir, en situation de rendre compte de leur action. Je vous laisse faire le tri, parmi toutes les personnes qui s’expriment, de celles qui répondent réellement à ces critères. Toutes les autres contribuent au brouhaha, à la confusion, à la guerre.
Nous aimerions mettre fin à toutes les guerres. J’aimerais pouvoir agir sur l’ensemble des violences du monde. Je suis là où je suis, et c’est là, et seulement là, que je fais de mon mieux pour la paix. En tant que microminorité, représentant 0,2% de la population mondiale, la minorité juive est, par définition, microprésente. J’enseigne la paix dans ce livre que vous lisez, dans des tribunes, dans ma synagogue, sur mon site internet, sur ma chaine youtube, sur instagram. Je l’enseigne à travers le judaïsme mais aussi l’Ecoute Mutuelle, la Communication Empathique, la Sociocratie dans le cadre de mon association, Cocréer. Je ne suis pas omniprésente, et cela m’est reproché, comme c’est reproché à de nombreuses personnes juives autour de moi. L’antisémitisme se nourrit de ces reproches.
Vous le soulignez d’ailleurs avec douleur : « Les événements actuels réveillent ANTISEMITISME ET ISLAMOPHOBIE ». Je vous rejoins sur les faits : l’antisémitisme et l’islamophobie ont augmenté. Je vous rejoins dans votre jugement de valeur : c’est un problème majeur. Je ne vous rejoins pas sur votre analyse : vous dites que ce sont les événements actuels qui réveillent ces tendances. Au contraire, ce sont les personnes antisémites et islamophobes elles-mêmes qui portent la responsabilité de leurs haines. Il est trop facile d’accuser « les événements ». Chacun choisit sa façon de réagir aux événements et en porte la responsabilité. Je tiens à rappeler que de nombreuses personnes ont le courage de refuser l’antisémitisme et l’islamophobie. Parlons des Guerrières de la Paix, ces femmes juives et musulmanes françaises qui se battent ensemble. Parlons du Cercle des familles endeuillées israéliennes-juives, israéliennes-palestiniennes et palestiniennes de Gaza et de Cisjordanie, qui ont perdu des proches dans cette guerre, et qui malgré cela, cultivent l’entraide et la paix. Ces personnes prouvent que réagir de façon solidaire face aux événements est possible. Il ne faut pas accuser « les événements ». Il ne faut pas accuser les victimes. Il ne faut pas dire « ce qui atténuerait l’antisémitisme c’est que les personnes juives expriment ouvertement leur souffrance devant celle des Gazaouis ». Comment ferait-on ? On rassemblerait tous les juifs sur une place et on leur ferait faire une déclaration publique ? Un genre de more judaico ? Non, il ne faut accuser aucune victime, mais au contraire, réhumaniser et respecter toutes les victimes. Toutes. Et interpeler tous les racismes.
A votre demande, je me suis « exprim[ée] ouvertement sur ce douloureux sujet ». Je vous demande, de votre côté, de tendre l’oreille aux voix étouffées des minorités, et d’agir en pleine conscience de votre pouvoir d’action et de paix. Je reste pour ma part entièrement engagée dans mon travail de paix, je serai heureuse de vous y accueillir.









