Les cours auxquels vous pouvez assister, sur la torah, le talmud, les fêtes et la culture juive, à Nation, à Gambetta et à Saint-Paul, Par le rabbin Floriane Chinsky
PESSAH Lundi 22 avril soir, Mardi 23 avril 10h RESERVEZ VOTRE MATINEE, Mardi 23 avril soir DEUXIEME SEDER COMMUNAUTAIRE, VENEZ FETER LA LIBERTE ENSEMBLE. De nombreuses ressources ici : https://rabbinchinsky.fr/2022/04/08/pessah-3/
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La conférence à 4 voix à écouter ici: Grand débat interconfessionnel : Corps et religions, meilleurs ennemis ? (Floriane Chinsky, Daniel Marguerat, Jigme Thrinlé Gyatso, Hela Ouardi ; moderateur : Benoît Bourgine)
1:00 Le corps comme marqueur d’appartenance religieuse, Hela Ouardi (Islam); 4:30 Béatrice Ouari (Christianisme); 11:00 Jigme Thrinlé Gyatso (Boudhisme); 17:00 Floriane Chinsky (judaïsme) / Thème II le corps et le chemin spirituel, les pratiques ascétiques et mystiques 23:30 Judaïsme puis Boudhisme puis Christianisme puis Islam, 39:00 le corps après la mort, Islam, christianisme, boudhisme, judaïsme
L’Atelier Corps/Judaïsme Islam à réécouter ici: Ateliers interconfessionnels : Ritualité et corps: Judaïsmeet Islam en dialogue (Floriane Chinsky et Hela Ouardi; moderatrices : Isabell Kempf et Beatrice Bonanno)
Pour approfondir:
A propos du plaisir dans le judaïsme, mon commentaire sur la paracha de Noé.
A propos de la régénération, du retour à la vie qu’on traduit parfois par l’idée de « pureté ».
Dans le cadre de la NUIT DES RELIGIONS, voici l’interview que j’ai donnée au journal « Le soir ». Merci à Pascal Martin pour cette interview sensible et bonne lecture…
Q: La société occidentale considère bien souvent le corps dans seule dimension manière profane. La sexualité, le droit de disposer de son propre corps, l’euthanasie… Vous, au contraire, vous considérez qu’il n’y a pas de spiritualité sans que le corps n’en soit partie prenante.
R: La question du corps n’est pas profane. A la base, on reconnaît l’existence de la conscience humaine et de la spiritualité par le fait que l’on enterre les corps des défunts. Le corps, la vie, la souffrance, la mort, constituent les questions existentielles auxquelles nous sommes toutes et tous confronté.es. Les spiritualités naissent de ces questions intimes. Ce colloque remet cette question au centre. Cette dimension fait parfois défaut aujourd’hui. Pourtant, si je me sens mal dans mon corps, tout ce que je vais accomplir par la suite va émaner de ce mal-être : la peur, la peine, le dégoût, la colère. Si je veux contribuer à la paix, je ne peux le faire qu’à partir d’une paix intérieure. La colère peut être un moteur, mais pas un critère de décision. Les spiritualités sont précisément là pour nous aider à travailler sur nos émotions et à améliorer notre capacité d’être ensemble. Qui peut écouter l’immensité de notre peine ? La prière, peut-être, ou l’épanchement du cœur, peut nous accueillir. Après, je me sens mieux et je peux agir en fonction du principe éthique « aime ton prochain et ta prochaine comme toi-même ». Le corps porte les émotions, les émotions nourrissent l’action. Les spiritualités -entre autre- permettent de travailler l’articulation de ces éléments.
Q: De longue date, le corps a été pressenti comme un ennemi par certaines religions et spiritualités. La mortification a été montrée en exemple par le catholicisme. Aujourd’hui, le corps est-il mieux « toléré » ?
R: La conscience de l’importance du corps est mise au second plan dans les courants ascétiques, puis au temps du rationalisme et des Lumières. L’aspect positif est que le rationnel est notre point de rencontre objectif. L’inconvénient est que notre subjectivité aussi doit être prise en compte. Aujourd’hui, nous ne sommes plus dans une religion rationaliste pure. Scientifiquement, nous savons que le cerveau n’est pas seul à décider. D’une façon générale, il y a une plus grande conscience du corps et des émotions, ce qui retentit sur l’ensemble des traditions religieuses. Je veux parler de ce que je connais le mieux: du point de vue du judaïsme, le corps et la pensée ont toujours été associés. Par exemple, le jour de repos du Chabbat incite à mobiliser du concret (se reposer, bien manger), du social (accueillir chez-soi…), du spirituel (chanter ensemble à la synagogue) et des valeurs (refuser d’être maitre ou esclave).
Q: Depuis Mai 68, le monde occidental a souvent vu le corps à travers le prisme de la sexualité. Comment les religions et les spiritualités se positionnent-elles par rapport à cela aujourd’hui ?
R: Les plaisirs du corps y sont importants dès lors qu’ils sont associés et conjugués à la responsabilité éthique. De son côté, l’hellénisme, qui n’a jamais accepté l’existence de la vision juive, privilégiait le corps. La nature était perçue comme un exemple à suivre. Le catholicisme pour sa part a opté pour un contrôle du corps, avec une vision valorisée de l’ascétisme notamment sexuel.
Le consentement suppose qu’on puisse se parler, et donc que le plaisir ne soit pas tabou. Pour le judaïsme, le premier principe est de se montrer honnête dans la relation à l’autre, y compris intime. Il est important de le rappeler. J’ajoute que toutes les traditions religieuses et spirituelles se déclinent de façon pluraliste. Il y a plusieurs judaïsmes, plusieurs islams, etc. Parmi celles-ci, il existe des courants pétris de ces réflexions. C’est ce qui va rendre intéressant le colloque organisé par l’UCLouvain.
Q: L’actualité met régulièrement à l’avant des thèmes très sensibles comme le genre, l’avortement, l’euthanasie, etc. A chaque fois, le corps, sa définition et sa propriété sont au centre des débats. Comment cela vous parvient-il ? Y a-t-il une marge pour un « progrès » par rapport à des prescrits qui ont parfois 2000 ans, sinon plus ?
R: Ces thèmes ne remontent pas tous à deux mille ans et l’approche que leur confèrent les traditions religieuses varie. Le droit à l’avortement vient d’entrer dans la constitution Française. Dans le judaïsme, il est clair que porter un enfant est un acte extraordinaire, mais aussi qu’en cas de problème la vie de la mère passe toujours avant celle du fœtus. Tant qu’il n’a pas sorti la tête, nous ne sommes pas face à la vie humaine sacralisée. En ce qui concerne l’égalité de genre, je prendrai cet exemple : le Talmud Meguila dit que tout le monde monte à la Torah, y compris les femmes. Les femmes sont donc inclues dans cet acte de citoyenneté juive. Mais pour la pensée grecque dominante, cette inclusion n’est pas admissible. Conclusion : il a été dit par la suite qu’une femme ne montera pas à la Torah en raison du respect dû à la communauté. Aujourd’hui, l’honneur d’une communauté passe au contraire par le fait de faire monter les femmes à la Torah. Nos synagogues progressistes accomplissent cela en France, et encore plus aux Etats-Unis et en Israël. Permettez-moi de vous renvoyer également au travail de Josué Ferreira, premier rabbin transgenre à exercer en France.
Q: Quelles pratiques spirituelles exercer pour se sentir mieux dans son corps, un thème également abordé par le colloque ?
R: Nous pourrions voir tout instant de nos vies comme sacré. A tout instant, nos sentiments nous connectent au monde, pouvons-nous les accueillir comme tels ? Une part de nous pourrait les observer et les accueillir, et leur permettre de se conjuguer harmonieusement avec nos désirs, nos projets et nos valeurs. Mon premier soutien dans cette recherche est l’Ecoute Mutuelle que j’enseigne et pratique au quotidien. J’écoute les gens en les encourageant à vivre leurs vulnérabilités dans un cadre sécurisé. Puis on inverse les rôles, je trouve dans leur accueil la force de grandir. L’étude des textes, les chants en commun, l’ouverture du cœur dans la prière, les rencontres autour des fêtes, les célébrations de mariage, deuil, entrée dans l’âge adulte proposés par les traditions spirituelles sont également de bons points d’appui. On y ouvre son cœur à quelque chose de plus grand qui nous accueille. On se reconnecte au meilleur de nous-mêmes et à l’espoir de pouvoir faire du bien dans le monde.
Q: L’amour et la paix sont au cœur des grandes religions. Or ce colloque est programmé à un moment où deux guerres font des ravages aux frontières orientales de l’Europe…
R: C’est pourquoi je me réjouis particulièrement de cet événement de rencontre. Dans le contexte actuel, plus que jamais, il faut couper la chaîne de la violence. Refuser la division. Prendre soin de notre santé mentale pour la mettre au service des personnes touchées directement, comme le font par exemple les Guerrières de la Paix. Ouvrir nos portes aux réfugié.es. Ouvrir les possibles comme le dit Heinz von Foerster. Il faut tout faire pour renforcer la longue chaine de paix que nous formons ensemble.
17h30: accueil des plus petits et atelier maquillage
18h00: conte pour emmener les enfants dans l’univers de Pourim
18h15: après ce beau voyage, il sera temps de festoyer autour d’un buffet. Merci de participer en apportant mets salés et/ou sucrés sans viande (en vous inscrivant auprès de: veronique.hoedts@gmail.com)
19h00: Office de Pourim pour tous
20h00: L’heure est enfin venue de s’amuser, de s’exclamer et d’applaudir le Pourim Spiel
Le Dimanche 24 Mars à 10h00: office du matin de Pourim et lecture de la meguila, plus « to the point » et calme, mais tout aussi fort et spirituel que la veille.
Une méguila en hébreu avec les paroles des personnages soulignées meguila2
Un lien vers le site sefarim pour lire la méguila en hébreu, français ou anglais: https://sefarim.fr/
Des vidéos pour apprendre des versets de la méguila: les versets lus par toute la communauté ICI, les taamim de la méguila ICI, les versets lus par les personnages de Pourim ICI.
Mazal Tov à Samuel, qui célèbre sa BM! Tous les offices auront lieu à SURMELIN, ce soir 18h45, demain 10h.
SAVE THE DATE : Le prochain office KESHER est le 27 avril, pendant la semaine de PessaH. L’enregistrement des lectures de la Torah sera en ligne des motsa »ch!
Chabbat Kesher, c’est le chabbat participatif! De nombreux.e membres se relaieront à la téva demain. Venez partager leur joie et leur Kidouch! Ce soir office Pelleport 18h45, demain office surmelin 10h30.
SAVE THE DATE : Le prochain office KESHER est le 27 avril, pendant la semaine de PessaH. L’enregistrement des lectures de la Torah sera en ligne des motsa »ch!
SAVE THE DATE: POURIM approche, on vous réserve un super programme. RV SAMEDI 23 MARS fin d’après-midi et DIMANCHE 24 MARS matin. Pour prendre une part plus active au programme: contactez-moi en commentaire de cet article. De nombreuses ressources ici : https://rabbinchinsky.fr/2019/03/13/tout-pour-preparer-pourim/
Bonne journée Internationale des Droits des Femmes à toutes et tous! Offices de ce chabbat: Ce soir 18h45 Pelleport avec le Rabbin Farhi. Demain, office à 10h30 à Surmelin, accompagné d’un programme du tonnerre:
10h – 20 minutes du rabbin: Le judaïsme et les conflits
SAVE THE DATE: POURIM approche, on vous réserve un super programme. RV SAMEDI 23 MARS fin d’après-midi et DIMANCHE 24 MARS matin. Pour prendre une part plus active au programme: contactez-moi en commentaire de cet article.
SAVE THE DATE: POURIM approche, on vous réserve un super programme. RV SAMEDI 23 MARS fin d’après-midi et DIMANCHE 24 MARS matin. Pour prendre une part plus active au programme: contactez-moi en commentaire de cet article.
SAVE THE DATE: Chorale: Nous nous retrouvons le samedi 9 mars à 14h pour chanter avec Yael!
Il y en aura pour tous les goûts ! 5 vidéos sur la paracha de ce chabbat:
la vidéo « classique » Sur Un Pied, que je fais toutes les semaines, avec les thèmes, le zoom sur un verset, une idée et une question Quizz – sur ma chaine youtube Floriane Chinsky
la vidéo « réflexion » sur le thème « le dress code et la Torah » – sur la chaine youtube de JEM et en podcast
Trois vidéos « au cœur des sources » pour approfondir deux questions dans le texte même de la torah et des commentateurs en hébreu, avec Rachi, Ibn Ezra et le Natsiv : 1 la liberté d’interprétation, 2 les « causes » de l’intervention divine pour libérer les hébreux.
Et pour faire bonne mesure, vous trouverez après ces vidéos l’intégralité du texte « Dresse code et Torah » en version écrite!
J’ai une demande à vous faire: Commentez mes vidéos. Pourquoi? 1 – Cela permet de créer des discussions de bon niveau en ligne, d’offrir des espaces safe sur les réseaux, de donner une place à chacun et chacune. 2 – Cela met en avant des contenus égalitaires, non sexistes, non racistes, en lien avec le judaïsme, utilisons les algorithmes pour mettre en avant nos valeurs. 3 – Cela me permet d’être en contact avec vous, d’avoir vos retours sur les vidéos, vos souhaits pour les prochaines vidéo, votre avis sur votre vision du judaïsme et des textes. 4 – c’est une mitsva! ensemble, en ligne, nous pouvons produire du limoud et de la MaHlokète!
Chabbat chalom pour toutes et tous, rendez-vous chabbat prochain avec un « chabbat plein ».
Paracha Tétsavé « Sur Un Pied », que vous trouvez toutes les semaines sur ma chaine youtube:
Paracha Tétsavé « commentaire rabbinique », chaque semaine, l’équipe rabbinique de JEM se relaie pour partager ses réflexions:
Paracha Tétsavé « au coeur des sources », régulièrement, je partage des sources que je traduis et que j’analyse à partir de l’hébreu, pour permettre à chacun et chacune de comprendre comment fonctionnent les sources juives:
Réflexions sur la paracha: Le dress code et le judaïsme
Quel rapport entre le maquillage et les vêtements des prêtres ? Cette question peut sembler surprenante ! pourtant, notre tradition apporte plusieurs réponses.
Version audio pour judaïsme en mouvement, version écrite sur mon site web, version vidéo sur ma chaine youtube et mon insta. Discutez en en famille etc…
La question qui se pose pour nous au quotidien est : Comment nous habillons-nous pour aller à l’école ou au travail ? Quelle liberté avons-nous ? Quelles contraintes s’imposent à nous ? Ces contraintes sont-elles explicites (on nous dit quoi faire), ou implicites (on est censé deviner). Et dans ce dernier cas, que se passe-t-il pour les personnes qui ne « devinent » pas ?
La question dans notre paracha est la même, a ceci prêt que ces questions sont appliquées aux prêtres. Comment s’habillent-ils, quelle est leur liberté, qui prend en charge la fabrication de leurs vêtements ?
Notre paracha, tétsavé, décrit longuement les vêtements attribués au grand prêtre pour son service ainsi que les préparatifs qui permettront à toute l’équipe de prêtrise d’entrer en fonction. Nous sommes dans la xxe paracha de la torah, et le thème, c’est l’apparence au service de la mission, les vêtements des prêtres au service de leur fonction. Pourquoi décrire tout ce cérémoniel en détail ? Les vêtements et l’apparence ont une grande importance personnelle et sociale. Se vêtir est une besoin premier, pour protéger son corps du froid et des blessures. Cela représente également un besoin social, nous sommes jugé.es sur notre apparence. Le texte de la torah ne passe pas ce thème sous silence. On aurait pu imaginer que les prêtres se débrouillent seuls pour composer leur tenue d’apparat. Ils auraient eu la charge de la concevoir et de la réaliser. Ils auraient également pu imposer leur propre style, mettre leurs vêtements au service de leurs propres ambitions.
Mais la torah prévoit la façon dont ils seront habillés. Ils ne portent pas seuls la charge de réaliser leurs vêtements. Ils n’ont pas le privilège de décider de leur tenue. Leur rôle professionnel est défini par le collectif et les couts liés à ce rôle sont pris en charge par le collectif. En ce sens, revêtir des vêtements magnifiques n’est pas un privilège pour eux mais un devoir. Leurs vêtements ne sont pas à leur propre gloire, leur but est de servir leur fonction. Pour répondre aux questions que nous posions, on peut dire que
1 les prêtres ont-ils la liberté de leur vêtements : non
2 les contraintes sont elles explicites : oui
3 sont elles à leur charge : non
Cette transparence est très importante, et elle justifie selon moi les longs passages qui parlent des vêtements des prêtres, dans cette paracha et à de nombreuses reprises dans la torah. Vous y penserez peut-être en cherchant la tenue appropriée le matin, lorsque vous vous préparez à différents événements de la vie quotidienne. Comment s’habiller pour un rendez-vous amoureux ? Pour un entretien d’embauche ? Pour un jour de rentrée des classes ou pour une soirée d’anniversaire ? Pour un oral d’examen (cravate à la fac) ?
Avons-nous une liberté ? Les contraintes sont-elles explicites ? Sont-elles ou non à notre charge ?
Certaines contraintes peuvent être juridiques, puisqu’il est juridiquement obligatoire de sortir habillé. D’autres se jouent au niveau de l’acceptation sociale, une femme jugée habillée « masculine », un homme vêtu de façon jugée « féminine », une personne jugée « cheap » dans son habillement ou le contraire, toutes ces personnes risquent de rencontrer des préjugés.
Dans nos vies sociales, on peut choisir nos ami.es, qui devraient nous respecter, nous, aussi bien que notre style vestimentaire. Est-ce bien le cas ? Quelles sont les limites de l’acceptable en société ? Pour une petite mise en situation, voici le défi que je vous propose : la fête de Pourim approche, selon le judaïsme, il est socialement admis de s’habiller dans des vêtements du genre opposé, et de se déguiser de toutes les façons. Ceci est admis, et même souhaitable, contribuant à la joie de la fête et à notre capacité d’auto-dérision. Avez-vous des préjugés concernant le fait de vous déguiser ? d’où viennent-ils ? Dans quelle mesure désirez-vous les remettre en question à l’occasion de la fête de Pourim, qui approche ? Ceci vous donnera également un indice de l’acculturation que nous pouvons avoir à la « respectabilité à la française », dont les critères sont différents des critères juifs traditionnels.
Le conformisme vestimentaire se pose encore plus fortement dans le monde du travail. Comme pour les prêtres. Notre style vestimentaire professionnel est jugé. De lui dépend notre capacité de gagner l’argent nécessaire à notre nourriture et notre logement, la considération dont nous avons besoin pour travailler. Il faut cirer ses chaussures. La sociologie se penche elle aussi sur ces questions. La torah prévoit la prise en charge des vêtements du grand prêtre de façon explicite. Notre société, au contraire, fait reposer le devoir de se soumettre « volontairement » et d’assumer seul.es la prise en charge de notre apparence. Ainsi, dans l’article « Discipliner les corps dans les métiers de production et de service » de 2019 (voir la référence sur mon site) les autrices soulignent que « Le maquillage exigé des femmes travaillant respectivement en restauration et en coiffure nécessite du temps et de l’argent pour acquérir divers produits de beauté, à leurs frais, et au-delà de ce qu’elles pourraient utiliser à titre privé ». Elles poursuivent « Si tout.e salarié.e doit mettre son corps en conformité avec les normes édictées par l’entreprise en termes d’apparence, l’apprêtement et d’endurance, la réalisation de ce travail esthétique non rémunéré (ou très mal rémunéré) implique des couts inégaux pour les femmes et les hommes, à la fois sur les plans économiques et temporels. Financièrement, le travail de l’apparence attendu des employées dépasse le seul port de l’uniforme payé par l’employeur (Mathieu) ou d’une tenue jugée correcte (Denave et Renard). » Pour répondre toujours aux trois mêmes questions, dans nos sociétés, bien souvent :
1 nous n’avons qu’une liberté vestimentaire limitée
2 les contraintes ne sont pas très explicites, une personne venant d’un autre milieu risque d’être discriminée
3 elles sont à notre charge exclusive, sauf port d’un uniforme, ce qui est une autre, vaste question.
Pour conclure, quel rapport entre les vêtements du grand prêtre et le maquillage ? Nous avons évoqué déjà Pourim, son invitation au déguisement, au maquillage fantaisiste, son invitation à dépasser les apparences à travers l’abolition des normes sociales vestimentaires et la minimisation du jugement critique. De son côté, Kipour semble à l’opposé puisqu’on y parle du cérémonial du grand prêtre comme dans notre paracha. Mais les opposés parfois se rejoignent. Kipour = yom hakipourim, traduit par « jour des expiations » mais également par « le jour qui est comme pourim ». L’habillage léger et sans jugement de Pourim n’est pas moins cathartique et transformatoire que l’habillage pesant des cérémonies de Kipour. Les vêtements du grand prêtre ne sont pas plus valables et respectables que les pas de côtes des déguisements de Pourim. L’éthique juive n’est pas une éthique de la respectabilité des apparences, mais de l’utilisation des vêtements à des fins de renforcement des libertés et de cohésion sociale. En nous donnant des indications sur le dress code, le judaïsme n’impose pas de normes « il faut bien s’habiller, comme à Kipour » mais des règles du jeu communes : voyons ce qu’on peut tirer d’un dress code sérieux à Kipour voyons ce qu’on peut tirer d’un dress code fantaisiste à Pourim, testons notre capacité de distanciation, explorons nos choix à Kipour, à Pourim, et chaque jour de notre vie.
Deux autres éléments à noter: La fête de Kipour, la plus connue du judaïsme, propose à toutes et à tous de se vêtir de vêtements blancs. Dans le monde achkénaze, ces vêtements ont une autre particularité : ce sont ceux que nous porterons au moment de notre mort. Ici, plus de jeu, ou de « fonctions », chacun, chacune, est invité à être présent uniquement pour renouveler son rapport à la vie, pour soi-même, à égalité devant notre commune condition mortelle.
La fête de Tou béav est au contraire la fête la moins connue du judaïsme. Le blanc y est également à l’honneur. Les jeunes femmes qui cherchent à se marier sont invitée à emprunter des vêtements blancs, pour efface les inégalités sociales, puis à aller danser dans les vignes en invitant les prétendants à se présenter, les enjoignant à dépasser les apparences.
Selon vous, ai-je réussi à rapprocher le maquillage féminin aujourd’hui et les questions vestimentaires des prêtres dans notre paracha ? Avez-vous des réflexions complémentaires ? Je serai heureuse de les partager, et je répondrai à vos commentaires sous ma vidéo youtube et sous mon compte insta.