Dracha de ce soir – Une seule solution: la corruption!

Je sais que contrairement aux autres années, je ne pourrai pas voir vos réactions à ces quelques mots que j’ai préparé pour vous et je le regrette. J’aimerais que nous puissions faire vivre ce collectif qui nous manque tant d’une autre façon, et j’y travaille. En attendant, je partage ce texte, que je prononcerai ce soir (plus ou moins). Vous me connaissez peut-être, vous savez qu’il y aura des variantes, vous connaissez mes intonations, et vous entendrez, derrière les mots et les formules, mon désir d’accompagner cette chose si sacrée: notre/votre liberté…

Chana Tova oumétouka

Dracha de Roch hachana 5781: Une seule solution: la corruption

Franchement, je ne vois pas comment nous allons nous en sortir.

Nous ne sommes rien de ce que nous prétendons être, nous prétendons tout ce qui sert nos intérêts. La situation accablante me semble en parfaite adéquation avec les accusations de nos textes. Dans ces conditions, où pourrait donc être le point de levier du changement ?

Prenons trois exemples.

Un – En défendant nos intérêts privés, nous avons créé l’esclavage. Pour justifier l’esclavage, nous avons inventé le racisme. Appuyés sur le racisme, nous avons commis, nous commettons toujours, des génocides. La ségrégation imposée se retourne parfois en communautarismes, qui sont alors à leur tour utilisés pour renforcer le racisme et le fossé social. Et nous ne prenons toujours pas conscience de ces processus.

Deux – En défendant nos intérêts privés, nous avons créé des écarts sociaux toujours plus importants, les personnes concentrant le pouvoir dans le monde aujourd’hui sont si puissantes qu’il est extrêmement dur de s’y opposer. Pour justifier cette situation, nous nous racontons que « les plus puissants sont les plus méritants » et d’autres fadaises. Et plus c’est faux, plus nous essayons de nous en convaincre.

Trois – En défendant nos intérêts privés, nous cherchons le rendement en toute chose, et pourtant, nous sommes aveugles à l’investissement le plus rentable au monde : la lutte contre la pauvreté. Nous préférons idolâtrer notre impuissance à changer les choses. Nous écartons l’opportunité de gagner de l’argent en sauvant des vies. Nous écartons cette opportunité pour protéger ce système.

Notre faute est trop grande pour que nous la supportions !

Pourquoi alors persévérons-nous ? Justement pour cette raison, parce que notre faute est trop grande pour que nous la supportions, trop grande pour que nous ayons le courage de la voir.

En tant qu’humaine, en tant que citoyenne, je suis profondément blessée par cette stupidité meurtrière qui est la nôtre.

En tant que personne, en ce jour de roch hachana, je suis consciente aussi de la réalité individuelle de ce phénomène. Quelles sont les fautes terribles dont je m’accuse ? Quelles sont les fautes, plus terribles encore, que je fuis, quitte à me laisser engloutir par les flots, quitte à mourir dans l’antre du bateau ou dans le ventre du poisson, comme Jonas ?

Et je m’interroge. Ma plus grande faute n’est-elle pas ma peur de la faute ? Et pourquoi aurais-je si peur ? Serais-je censée échapper à la faute ? Est-ce une illusion de toute puissance qui me pousse à ces excès ?

Peut-être mais pas forcément. C’est peut-être un sentiment d’urgence à agir, de surinvestissement de l’action par peur de l’échec, ou d’autres choses peut-être, qui ne me sont pas encore connues.

A partir de cet instant, je sais que j’ai dix jours, dix petites journées pour mener l’enquête.

Je n’y arriverai pas. Le temps est trop court, je n’y arriverai pas. L’ouvrage est trop grand et je n’y arriverai pas. Je suis trop affaiblie et je n’y arriverai pas. Même si la récompense est grande, même si le maitre du monde me presse à l’ouvrage, je n’y arriverai pas.

Et j’en suis réduite à m’appuyer sur la seule solution possible, que me propose le midrach rabba sur les psaumes : La corruption. (voir texte source en fin de texte).

Car oui, je viens de le découvrir à notre grand soulagement, corrompre dieu est possible. Écoutons le midrach:

D’où savons-nous que le Saint, bénie soit-elle, accepte la corruption ? Parce qu’il est dit dans les proverbes « et la corruption du méchant il la prend ». Nous sommes gravement fautifs, nous remplissons donc les conditions !

Chers amis, rassemblons-nos ressources pour trouver le bakchich qui seul nous extirpera de cette situation intenable ! A quel montant s’élève-t-il ? En quelle monnaie est-il payable ? Le midrach rabba poursuit et nous instruit :

Quelle est la corruption qu’il accepte des fauteurs en ce monde ? La téchouva (changement d’actes), la téfila (cri et introspection) et la tsédaka (travail pour la justice social, aides financières). Pour cette raison il est écrit : « de devant toi mon jugement pars ». Le Saint, bénie soit-elle a dit : « mes enfants, tant que les portes de la tefila sont ouvertes, faites téchouva, car j’accepte la corruption dans ce monde ».

Soulagement !

Nous avons dix jours pour rassembler des tefilot. Des tefilot, pas des « prières ». On traduit généralement le mot « tefila » par le mot prière, c’est une erreur. La tefila, c’est l’introspection. Portée par les textes des offices, certes, par leur sens, par leurs rythmes, par l’inspiration qui nous vient du collectif, mais l’essentiel ici, c’est le bilan personnel. Tefila, palal, se juger. C’est en collectant nos jugements, que nous pourrons rassembler le trésor nécessaire à la corruption de dieu.

Nos jugements, notre compréhension de nos erreurs, notre esprit critique sur nous-mêmes.

Nos jugements, notre compréhension du monde, nos idées sur notre action.

Nos jugements sur notre action à titre individuel, mais aussi à titre collectif. Ai-je été assez forte cette année ? mais aussi, « ai-je été assez soutenue cette année » et aussi « ai-je suis suffisamment demander du soutien ? » et « comment aurions-nous pu nous rendre mutuellement plus fort.e ».

Roch hachana est le jour du jugement, il est temps d’exercer ce jugement que nous avons reçu en partage.

« mes enfants, tant que les portes de la tefila-jugement sont ouvertes, faites téchouva, car j’accepte la corruption dans ce monde » nous dit l’Eternelle.

C’est en rassemblant de l’introspection, des tefilot, que nous pouvons entrer dans les portails ouverts de la téchouva. Du changement de comportement.

Lorsque les portes s’ouvriront, nous devrons être prêts.

Préparez la monnaie chers amis ! faites les fonds de tiroir ! Participez à la collecte !

Un peu de conscience tombée derrière le frigo ? Quelques pièces de perspicacité oubliées au fond d’un tiroir ? Des mallettes entières d’introspection en petites coupures laissées par votre grand-mère au grenier ? Des valises de bonnes idées en lingot amassées par votre grand-oncle ? Des millions par chèques en blanc d’objection de consciente de votre voisine, Juste parmi les nations ? Quelques billets de naïveté bienveillante laissés par vos enfants ? Une collection de questions dérangeantes posées par vos neveux ? Un fond de résistance non violente conservé de la période de mai 68 ou un vieil héritage oublié de 1871 ?  Des héroïsmes juifs, des héroïsmes humains ? Des cœurs brisés ? Des consciences en alerte ? Je prends tout, nous en avons besoin ! Toutes les monnaies mentionnées dans le traité Roch hachana sont acceptées, vous pouvez payer en AA (Aide à Autrui) en CR (Cri de révolte), CA (Changements dans les actes), CN (Changement de Nom).

Le Saint, bénie soit-elle, a dit : « mes enfants, tant que les portes de la tefila sont ouvertes, faites téchouva, car j’accepte la corruption dans ce monde. Mais lorsque je siégerai en jugement dans le monde à venir, je ne prendrai pas de corruption comme il est dit dans les proverbes : « Il ne se laissera apaiser par aucune rançon ; il se montrera inexorable, dusses-tu prodiguer les présents. » C’est pour cela que David a dit « Tu me feras connaître le chemin de la vie, la plénitude des joies qu’on goûte en ta présence, les délices éternelles [dont on se délecte] à ta droite. » Il s’agit des 10 jours de téchouva entre Roch Hachana et Yom kippour. »

Le délai qui nous est imparti n’est pas très clair pour moi. Avons-nous jusqu’à la fin des temps ? Avons-nous seulement quelques jours, les 10 jours de téchouva ?  Et de toute façon, je ne suis pas totalement certaine que la date de la fin des temps ne soit pas avant la fin de la semaine prochaine.

En résumé : une seule stratégie, la corruption, et tout de suite !

Immédiatement, dans la boite prévue à cet effet en sortant de la synagogue, ou par carte bleue sur internet, faites vos virements dans la monnaie de votre choix, payez à votre gré, en téchouva, en téfila et/ou en tsédaka, par promesse de don sur mon site internet, je transférerai immédiatement. Espérons que cela suffira.

Chana tova oumétouka

מדרש תהלים (בובר) מזמור יז ד »ה [ה] דבר אחר

ומנין שהקב »ה לוקח שוחד? שנאמר: « ושוחד מחיק רשע יקח » (משלי יז כג) מה השוחד שנוטל מן הרשעים בעולם הזה? תשובה ותפילה וצדקה. לפיכך כתיב: « מלפניך משפטי יצא » (תהלים יז ב). אמר הקב »ה: בניי, עד ששערי תפילה פתוחין עשו תשובה, שאני לוקח שוחד בעולם הזה. אבל משאני יושב בדין לעתיד לבוא, איני לוקח שוחד, שנאמר: « לא ישא פני כל כופר ולא יאבה כי תרבה שוחד » (משלי ו לה). לפיכך אמר דוד: « תודיעני אורח חיים שובע שמחות את פניך » (תהלים טז יא) – אלו עשרת ימי תשובה שבין ראש השנה ליום הכיפורים.

Chana Tova! Bonne année 5781 + seder à télécharger, horaires et autres ressources

Bonjour à toutes et à tous!

Nous ouvrons ce soir l’année 5781.

Dans les circonstances qui sont les nôtres, plus que jamais, nous souhaitons « que se termine une année et ses malédictions, que commence une année et ses bénédictions ».

Que, cette année encore, notre force d’agir, notre soif d’apprendre, et notre amour de la vie soient à nos côtés, dans les épreuves (qu’elles soient légères) et les joies (qu’elles soient nombreuses)!

Chana Tova, à celles et ceux qui seront avec nous en « présentiel », et pensée chaleureuses à ceux qui suivront les offices en « virtuel » ou qui adapteront leurs propres pratiques dans les cercles familiaux et amicaux. Voici quelques ressources, suivis des horaires des offices.

Seder de Roch hachana à télécharger

seder-roch-hachana

Playlist autour des prières sur youtube

Prières de Tichri /// Moment de pensée et de prière, Boker-Tov/seliHot

Drachot des années passées par écrit:

Textes divers:

Inscriptions et info: secretariat-surmelin@judaismeenmouvement.org

JEM Surmelin -Offices de Roch Hachana à la synagogue Surmelin

Vendredi 18 septembre à 18h45
Samedi 19 septembre à 10h00
Samedi 19 septembre à 18h45
Dimanche 20 septembre à 10h00

Office de Kol Nidré à Olympe de Gouges 

Dimanche 27 septembre à 19h30

Offices de Yom Kippour à Olympe de Gouges 

Lundi 28 septembre à partir de 10h00 – Fin du jeûne à 20h22
Office du Souvenir à 18h15
Office de Neïla à 19h15

Boker Tov – Selihot

Boker Tov reprend demain matin, à l’occasion des seliHot… Retrouvons-nous tous les matins à 7h30 (sauf fête) sur ma chaine youtube, pour une vingtaine de minutes. SeliHot et l’essentiel de l’office, ensemble, pour accompagner nos réflexions personnelles. A demain!

lien vers ma chaine youtube, abonnez-vous pour être notifiés à chaque fois que le live commence lien vers la playlist de tous les Boker Tov depuis le 22 mars lien vers l’office de Kerem, par les différents rabbins libéraux francophones ici, tous les matins à 8h sauf chabbat et fêteslien vers la chaine youtube de JEM avec les offices du chabbat et des fêtes en live sidour sur wikitext (hébreu seulement)  sidour chabbat matin copernic,sidour chabbat matin MJLB (beaugrenelle et surmelin), sidour sfat hanechama, sidour sfat halev,

Au programme pour ce matin et les prochains jours: (translittération d’abord, hébreu ensuite) (Puis l’office sur notre lien habituel, ICI)

– ————————————- seliHot ————————————

13 Attributs Ex. 34 :6 (et Nb 14 :18) Adonaï Adonaï el raHoum véHanoun EreH apaim vérav Héssed véémet, notser Héssed laalafim, nossé avon vafécha véHata vénaké.

Vidouï Elohénou vélohé avoténou ana tavo léfanéHa téfilaténou veal titalam mitHinaténou chein anaHnou azé fanim oukéché orèf lomar léfanéha adonaï élohénou vélohé avoténou tsadikim anaHnou vélo Hatanou aval anaHnou Hatanou
Achamnou bagadnou gazalnou dibarnou dofi héévinou vehirchanou zadnou Hamasnou tafalnou chéker yaatsnou ra kizavnou lasnou maradnou niatsnou sararnou avinou pachanou tsararnou kichinou oref rachaanou chiHatnou tiavnou tainou titanou
Adon hasseliHot – Chatanu lefaneicha rachem aleinu. /// Adon haselichot, bochen levavot, goleh amukot, dover tzedakot ///Hadur benifla’ot, vatik benechamot, zocher b’rit amo, choker kelayot /// Tov oumétov labriot yodéa kol nistarot kovech avonot lovech tsedakot ///Malle zakiyut, nora tehinot, tzone’ach avonot, oneh be’etzavot

Shomer Israël
-((Chomer *2)  Israël  Chmor chéérit israël *2) /// (veal yovad *2) Israël haomrim béHol yom chéma Israël
-((Chomer *2)  Goy éHad Chmor chéérit Goy éHad *2) ///(veal yovad *2) Goy éHad haomrim béHol yom adonaï élohénou adonaï éHad
-((Chomer *2)  Goy Kadoch Chmor chéérit Goy Kadoch *2)/// (veal yovad *2) Goy Kadoch haomrim béHol yom kadoch kadoch kadoch
-((Chomer *2) Goy Rabba  Chmor chéérit Goy Rabba *2) ///(veal yovad *2) Goy Rabba haomrim béHol yom amen yéhé chémé rabba

– ————————————- סליחות————————————

13 Attributs Ex. 34 :6 (et Nb 14 :18)

יְהוָה | יְהוָה אֵל רַחוּם וְחַנּוּן אֶרֶךְ אַפַּיִם וְרַב חֶסֶד וֶאֱמֶת. (שמות לד, ו) נֹצֵר חֶסֶד לָאֲלָפִים נֹשֵׂא עָו‍ֹן וָפֶשַׁע וְחַטָּאָה וְנַקֵּה… (שמות לד, ז)

Vidouï

  • אלֹהֵינוּ וֵאלֹהֵי אֲבוֹתֵינוּ. תָּבוֹא לְפָנֶיךָ תְּפִלָּתֵנוּ וְאַל תִּתְעַלַּם מִתְּחִנָּתֵנוּ. שֶׁאֵין אֲנַחְנוּ עַזֵּי פָנִים וּקְשֵׁי עֹרֶף לוֹמַר לְפָנֶיךָ יְיָ אֱלֹהֵינוּ וֵאלֹהֵי אֲבוֹתֵינוּ צַדִּיקִים אֲנַחְנוּ וְלֹא חָטָאנוּ. אֲבָל אֲנַחְנוּ וַאֲבוֹתֵינוּ חָטָאנוּ:
  • אָשַׁמְנוּ. בָּגַדְנוּ. גָּזַלְנוּ. דִּבַּרְנוּ דֹּפִי הֶעֱוִינוּ. וְהִרְשַׁעְנוּ. זַדְנוּ. חָמַסְנוּ. טָפַלְנוּ שֶׁקֶר יָעַצְנוּ רָע . כִּזַּבְנוּ. לַצְנוּ. מָרַדְנוּ. נִאַצְנוּ   סָרַרְנוּ. עָוִינוּ. פָּשַׁעְנוּ  צָרַרְנוּ . קִשִּׁינוּ עֹרֶף רָשַׁעְנוּ. שִׁחַתְנוּ. תִּעַבְנוּ. תָּעִינוּ : תִּעְתָּעְנוּ

Adon hasseliHot –

  • אֲדוֹן הַסְּלִיחוֹת בּוֹחֵן לְבָבוֹת גּוֹלֶה עֲמוּקוֹת דּוֹבֵר צְדָקוֹת חָטָאנוּ לְפָנֶיךָ רַחֵם עָלֵינוּ
  • הָדוּר בְּנִפְלָאוֹת וָתִיק בְּנֶחָמוֹת זוֹכֵר בְּרִית אָבוֹת חוֹקֵר כְּלָיוֹת חָטָאנוּ לְפָנֶיךָ רַחֵם עָלֵינוּ
  • טוֹב וּמֵטִיב לַבְּרִיּוֹת יוֹדֵעַ כָּל נִסְתָּרוֹת כּוֹבֵשׁ עֲוֹנוֹת לוֹבֵשׁ צְדָקוֹת חָטָאנוּ לְפָנֶיךָ רַחֵם עָלֵינו
  • מָלֵא זְכֻיוֹת נוֹרָא תְהִלּוֹת סוֹלֵחַ עֲוֹנוֹת עוֹנֶה בְּעֵת צָרוֹת חָטָאנוּ לְפָנֶיךָ רַחֵם עָלֵינוּ
  • פּוֹעֵל יְשׁוּעוֹת צוֹפֶה עֲתִידוֹת קוֹרֵא הַדּוֹרוֹת רוֹכֵב עֲרָבוֹת שׁוֹמֵעַ תְּפִלּוֹת תְּמִים דֵּעוֹת חָטָאנוּ לְפָנֶיךָ רַחֵם עָלֵינוּ :

Shomer Israël

  • שׁוֹמֵר יִשְׂרָאֵל[1] שְׁמֹר שְׁאֵרִית יִשְׂרָאֵל[2] וְאַל יֹאבַד יִשְׂרָאֵל הָאוֹמְרִים בְּכָל יוֹם[3] « שְׁמַע יִשְׂרָאֵל »[4]
  • שׁוֹמֵר גּוֹי אֶחָד[5] שְׁמֹר שְׁאֵרִית גּוֹי[6] אֶחָד וְאַל יֹאבַד גּוֹי אֶחָד הָאוֹמְרִים[7] בְּכָל יוֹם[8]« שְׁמַע יִשְׂרָאֵל[9] יְיָ אֱלֹהֵינוּ יְיָ אֶחָד »
  • שׁוֹמֵר גּוֹי קָדוֹשׁ[10] שְׁמֹר שְׁאֵרִית גּוֹי[11] קָדוֹשׁ וְאַל יֹאבַד גּוֹי קָדוֹשׁ הָאוֹמְרִים בְּכָל יוֹם « קָדוֹשׁ קָדוֹשׁ קָדוֹשׁ »[12][13]
  • שׁוֹמֵר גּוֹי רַבָּא שְׁמֹר שְׁאֵרִית גּוֹי רַבָּא[14] וְאַל יֹאבַד גּוֹי רַבָּא הָאוֹמְרִים בְּכָל יוֹם « אָמֵן יְהֵא שְׁמֵיהּ רַבָּא »[15]

Cours zoom ce lundi prochain 19h – Merci pour votre confiance

Bonjour à toutes et tous!

Presque 200 personnes sont inscrites pour le cours de demain. Je me réjouis de me préparer à notre rencontre.

Si vous vous êtes inscrits avant 16h aujourd’hui, vous avez reçu un email avec différentes explications. Si ce n’est pas le cas, vérifiez vos spam, ou remplissez à nouveau le formulaire avec une adresse valide, je renverrai tout ainsi que le lien du zoom demain après-midi. L’accueil dans le zomm se fera à 18h40, 18h50 et 19h. Le cours se fera dans une ambiance de partage libre, chacun et chacune à sa convenance, et j’espère que vous serez ouverts à apprendre les uns des autres.

Exercice pendant le cours

Compte rendu de cours

En préparation je vous propose de chercher des objets qui illustreront pour vous les idées suivantes:
Hadach (nouveau),
Choné (différent),
Mékadem (qui permet de progresser),
Tov (bon),
Chééla (qui pose une question).
Pas besoin d’être rigoureux sur cette question, la subjectivité et la créativité sont bienvenus. Possible aussi de choisir des choses comestibles voire délicieuses 😉 Je vous inviterai à partager les uns avec les autres à ce sujet, sans obligation.

Première rencontre ce lundi. Inscrivez-vous sur le formulaire suivant: Formulaire d’inscription

Au plaisir d’étudier ensemble!

Autres actualités!

Fêtes de Tishri: Inscrivez-vous en présentiel ou sur le zoom JEM pour les fêtes de Tishri: secretariat-surmelin@judaismeenmouvement.org

Autres cours concernant les fêtes:

  • SimHat Torah : La joie et ses embûches (5/10/20)
  • Hanouka : Judaïsme, croyance, doute, science et libéralisme (14/12/20)
  • Pourim, tallit et téfilines : une éthique du déguisement (1/02/21)
  • PessaH, mézouza : une éthique de l’engagement (5/04/21)
  • Chavouot : un éthique de la gratitude (3/05/21)

Office du matin/préparation à Kipour: Boker Tov reprend

Pas besoin d’aimer les offices pour participer à Boker Tov. Il suffit de vouloir passer un moment de ressourcement ensemble, autour des textes de la sagesse juive. Ce moment nous a réuni quotidiennement pendant 5 mois. Cette année, il reprendra par intermittence, autour des thématiques des fêtes. Nous commençons en douceur ce lundi, avec un moment autour des textes du matin, du tallit, des téfilines. Nous introduirons des textes traditionnels ou culturels pour soutenir nos réflexions et nos « ajustements émotionnels » de début d’année.

Vous pouvez vous abonner à ma chaîne youtube et vous serez notifiés du début de l’office, tous les matins à 7h30. De toute façon, vous pourrez voir et revoir les vidéos sur la chaine. Voici les vidéos des précédents « Boker Tov ». Au plaisir de vous retrouver quotidiennement, à partir de lundi. NB: Cours de préparation aux fêtes lundi soir, par zoom, sur inscription (voir ce lien), offices de chabbat sur inscription auprès de secretariat-surmelin@judaismeenmouvement.org. Pensez également aux offices de Tichri, pour vous inscrire en présentiel ou en virtuel…

Fêtes de Tishri: Inscrivez-vous en présentiel ou sur le zoom JEM pour les fêtes de Tishri: secretariat-surmelin@judaismeenmouvement.org

Autres cours concernant les fêtes:

  • Roch hachana et Yom Kipour: Préparons-nous une belle année (15/09/20)
  • SimHat Torah : La joie et ses embûches (5/10/20)
  • Hanouka : Judaïsme, croyance, doute, science et libéralisme (14/12/20)
  • Pourim, tallit et téfilines : une éthique du déguisement (1/02/21)
  • PessaH, mézouza : une éthique de l’engagement (5/04/21)
  • Chavouot : un éthique de la gratitude (3/05/21)

Autres Boker Tov

  • 15 jours pour préparer et vivre Hanouka (à partir du 7/12/20)
  • 7 jours autour de Pourim (à partir du 22/02/21)
  • 15 jours pour préparer le seder de PessaH (à partir du 15/03/21)
  • 7 jours pour préparer Chavouot (à partir du 10/05/21)

Cours zoom lundi prochain 19h – Kipour, Roch hachana : Préparons-nous une belle année

Cette année, les cours « Penser et transmettre le judaïsme » s’adressera aux adultes et aux jeunes qui veulent approfondir leur compréhension des fêtes juives, des pratiques et de la pensée juive.

Il aura lieu régulièrement le lundi soir, à partir d’enseignements, de partages de textes, de questions et d’interactions entre les participants, en mode « dynamique ».

Première rencontre ce lundi. Inscrivez-vous sur le formulaire suivant: Formulaire d’inscription

Au plaisir d’étudier ensemble!

Autres actualités!

Fêtes de Tishri: Inscrivez-vous en présentiel ou sur le zoom JEM pour les fêtes de Tishri: secretariat-surmelin@judaismeenmouvement.org

Autres cours concernant les fêtes:

  • SimHat Torah : La joie et ses embûches (5/10/20)
  • Hanouka : Judaïsme, croyance, doute, science et libéralisme (14/12/20)
  • Pourim, tallit et téfilines : une éthique du déguisement (1/02/21)
  • PessaH, mézouza : une éthique de l’engagement (5/04/21)
  • Chavouot : un éthique de la gratitude (3/05/21)

Yom Kipour : Abolissons nos privilèges (Discours 5780)

Voici mon discours de Yom Kipour.

Merci encore à tous les participants et à tous les bénévoles, qui ont non seulement travaillé de tout leur coeur et sans relâche pour préparer ces merveilleux offices, mais qui ont su garder calme et bienveillance dans des moments très intenses.

Compte tenu du succès, je vous propose que nous faisions à nouveau Kipour l’année prochaine 😉 ( Dimanche 27 septembre au soir et lundi 28)

Dracha de yom kipour – plaidoyer contre la tourniquette ou abolissons nos privilèges —– 

« Autrefois pour faire la cour, on parlait d’amour ! Pour mieux prouver son ardeur, on offrait son cœur ! … Aujourd’hui c’est plus pareil, ça change ça change, pour séduire le cher ange, on lui glisse à l’oreille « ah gudule, viens m’embrasser, et je te donnerai…. Une tourniquette pour faire la vinaigrette, Un bel aérateur pour bouffer les odeurs, Des draps qui chauffent, un pistolet à gaufres, Un avion pour deux et nous serons heureux!… » (Boris Vian)

Les tourniquettes à vinaigrettes sont plus faciles à acquérir qu’un cœur. On peut être tenté de s’en satisfaire. On peut croire que cela remplace. Mais la seule façon de retrouver un cœur qui sent les sentiments, consiste à renoncer aux gadgets, à séparer l’essentiel des accessoires.

Comme le dit le prophète Ezechiel : Je vous donnerai un coeur nouveau et je vous inspirerai un esprit nouveau; j’enlèverai la tourniquette pour faire la vinaigrette de votre sein et je vous donnerai un coeur de chair.

C’est presque ce que dit Ezechiel, mais soyons plus précis : Ézéchiel 36:26 : 26 Je vous donnerai un coeur nouveau et je vous inspirerai un esprit nouveau; j’enlèverai le coeur de pierre de votre sein et je vous donnerai un coeur de chair.

כו וְנָתַתִּי לָכֶם לֵב חָדָשׁ, וְרוּחַ חֲדָשָׁה אֶתֵּן בְּקִרְבְּכֶם; וַהֲסִרֹתִי אֶת-לֵב הָאֶבֶן, מִבְּשַׂרְכֶם, וְנָתַתִּי לָכֶם, לֵב בָּשָׂר.

En ce jour de Kipour, nous délaissons les accessoires, nous nous concentrons sur l’essentiel : retrouver le cœur de chair derrière le cœur de pierre.

En ce jour de Kipour, nous abolissons tous nos privilèges. Mieux, même, nous abolissons nos besoins primaires. La Torah nous dit de nous affliger, la Torah orale détaille les cinq interdictions concernées :

Aujourd’hui, pour 25 heures, nous abolissons nos besoins physiques élémentaires.

Nous renonçons à boire, nous renonçons à manger. Nous ressentirons la faiblesse physique, le découragement, la douleur, que provoque la faim et la soif. (1)

Nous renonçons aux apparences, pas de bains,(2) pas de baumes, pas de parfum, pas de déodorant (3), pas de chaussures en cuir (4). Nous ressentirons notre vulnérabilité face aux autres.

Nous renonçons à l’intimité physique (5). Nous ressentirons la solitude face à notre faiblesse.

Que ces renoncements nous ouvrent à une meilleure compréhension de ce que vivent au quotidien tous ceux qui n’ont rien à boire, rien à manger, aucune possibilité de se laver, aucun lieu d’intimité.

Pourquoi agir ainsi ?

Par solidarité bien sûr. Parce que quand on arrive au niveau du cœur, tous les préjugés fondent, et nous comprenons enfin comme le dit le Talmud que « ton sang n’est pas plus rouge que le sien », toutes les vies ont la même valeur.

Et nous faisons cela pour une autre raison encore : pour aller au plus profond de nous-même, pour laisser tomber les voiles que nous érigeons autour de nos vulnérabilités, pour aller au centre de nous-mêmes, pour nous remettre dans notre centre de gravité, pour renouer avec l’essentiel, pour que nos objectifs de l’année soient les meilleurs, pour que notre façon de les accomplir soit optimale.

« les meilleurs » ? « optimale » ? oui. Pas « les bons objectifs », non, mais au contraire : « les objectifs les meilleurs possibles ». Pas « des actions parfaites », non, « des actions au mieux ». Car nous n’avons pas accès à la Vérité. Nous avons simplement accès à des chemins de vérité.

Célébrer kipour, c’est suivre la voie de la recherche de la vérité. Et c’est reconnaitre que nous n’y accéderons pas totalement.

Aujourd’hui, nous n’espérons pas devenir immortels. Nous savons que nous mourrons un jour. Ountané tokef nous met face à cette réalité : « qui vivra, qui mourra, qui en son temps, qui prématurément, qui par le feu, qui par l’eau, qui par la faim, qui par la soif, qui par le glaive ». Est-ce inéluctable ? Oui et non. Oui nous mourrons un jour. Mais il est possible de nous dégager du mal de cette mort.

La remise en question, l’introspection, l’entre-aide écartent le mal de la sentence. Téchouva, téfila, tsédaka

A la fin de ce jour de kipour, quel que soit le travail émotionnel et social que nous ferons, nous ne deviendrons pas immortels. Mais nous pouvons espérer être moins vulnérables à notre mortalité.

Ceci est important à notre époque, car, comme le dit François Sureau, « Nous nous sommes fait une idée de la perfection de l’homme, tout ce qui blesse la perfection de l’homme doit être réprimé, la perfection de chaque homme… et donc nous vivons dans le rêve d’une société de la perfection individuelle, ce rêve provoque une société de la peur, ou chacun a peur pour la perfection de sa propre vie que les journaux, tout le monde lui présente sans cesse comme qq chose de désirable cette peur génère à son tour une organisation sociale et collective de la peur »

Sur ce sujet, Woody Allen résume bien l’ecclésiaste que nous lirons lundi matin pour Soukot : La vie est une maladie lente sexuellement transmissible.

La mort entre elle-même dans la définition de la vie, la vulnérabilité est l’essence même d’un cœur, la transgression est indissociable de la loi.

Il nous faut aimer la vie malgré la mort, aimer les sentiments malgré notre fragilité, aimer la loi malgré la transgression, sans crispation, nous devons lâcher prise. La perfection de nos vies n’est pas un droit, elle n’est pas un privilège légitime. Yom Kipour est un élément fondamental de ce dispositif.

La vie et la liberté sont fragiles, et aucune tourniquette à vinaigrette n’y pourra rien changer.

Tel est donc le choix qui s’offre à nous aujourd’hui, aujourd’hui en ce jour de kipour, aujourd’hui en ce jour de kipour 5780/2019, aujourd’hui, pour l’année à venir, et pour le reste de nos vies :

Allons-nous nous accrocher à l’accessoire, ou allons-nous plonger au cœur de notre vulnérabilité qui est aussi notre pouvoir ?

Il faut choisir. On ne peut pas être Monothéiste et polythéiste à la fois. On ne peut pas idolâtrer l’accessoire et se revendiquer de la vie. Telle est la raison donnée par nos sages pour nous demander de nous priver de l’essentiel à Yom Kipour, de sorte que nous sachions nos détacher de l’accessoire et des accessoires tous les autres jours de l’année.

L’important, c’est de l’entendre :

  • Si la tourniquette pour faire la vinaigrette est un privilège, il est temps de l’abolir. (jusque là, ca va)
  • Si avoir un cœur de pierre est un privilège, il est temps d’y renoncer. (là ça demande du travail)
  • Si tirer avantage d’être un homme blanc hétérosexuel riche de 50 ans est un privilège, il faut nous en défaire. (je ne suis pas certaine d’y réussir)
  • Si tirer avantage de l’usage du plastique qui nous empoisonne est un privilège il faut nous en dessaisir. (c’est en cours)
  • Si un Ordre établi à notre avantage, au détriment des autres est un privilège, il nous faut le dénoncer. (là j’ai beaucoup de chemin à faire)

Ivan Jablonka, citant Olympe de Gouges qui nous accueille aujourd’hui, fait dans son dernier livre un plaidoyer pour le renoncement des hommes à leurs privilèges de genre. Nous pouvons également appliquer ce renoncement à tous les autres privilèges indus.

Nous ne vivons pas mieux avec ces soi-disant privilèges, qu’avons-nous besoin de tourniquettes, de cœurs de pierre, de privilèges de genre, de plastique, un ordre qui nous favorise et pénalise d’autres ?

En ce jour où nous n’avons pas besoin de manger, de boire, de nous parfumer, de nous faire « beaux », réfléchissons : de quoi avons-nous vraiment besoin ?

Nous finirons, dans 23h avec la déclamation solennelle du chéma israel et le son du chofar.

A ce moment, il faudra avoir décidé, cristalliser nos décisions, et utiliser les 509 760 minutes de l’année à venir pour les mettre en œuvre.

שמע ישראל יהוה אלהנו יהוה אחד

Ecoute Israël, l’Eternel infini, qui est notre force, l’Eternel infini, est un, il est le même pour tous et toutes.

Tsom Kal, jeune facile pour nous toutes et nous tous.

 

 

Roch hachana : Le jour du non jugement ! (Discours 5780)

Voici mon discours de Roch hachana… Je vous souhaite une bonne lecture, de bons préparatifs pour Kipour qui approche.

Encore Chana Tova à toutes et à toutes, et excellente année 5780!

Nous lisons dans la paracha « vois ! » (Réé, Deut. 6:11)

Et tu te réjouiras en présence de l’Éternel, ton Dieu, toi, ton fils et ta fille, tes employés, le Lévi qui sera dans tes murs, l’étranger, l’orphelin et la veuve qui seront près de toi, dans l’enceinte que l’Éternel, ton Dieu, aura choisie pour y faire habiter son nom.

Nous sommes censés nous réjouir, et cela implique une certaine réussite en termes de construction sociale. Avons-nous réussi à appliquer ce verset ?

  • Nos employés se réjouissent-ils avec nous ?
  • Les Lévi et les Cohen, les enseignants et les soignants se réjouissent-ils avec nous ?
  • L’étranger, ceux qui ne parlent pas la langue du pays, ceux qui ne savent pas où dormir pour la nuit, se réjouissent-ils ?
  • La veuve, les femmes écartées de leur pouvoir social se réjouissent-elles ?
  • Les orphelins, ceux dont les parents sont incapables de les guider, ont-ils des appuis institutionnels stables ?

Cela implique également un certain degré de réussite personnelle. Avons-nous « réussi » cette année ?

  • Sommes-nous joyeux ?
  • Nos jeunes, lorsqu’ils contemplent leur avenir économique se réjouissent-ils ? Nos filles confiantes en leurs chances égales à leurs frères ? Nos enfants ont-ils confiance dans leur avenir sur leur planète ?

Difficile de répondre oui.

Dans ce cas, la présence de l’Éternel (en présence de l’Éternel) peut-elle nous accompagner ? Le Temple (dans l’enceinte), dont nous pleurons la destruction, peut-il être reconstruit ? Évidemment non.

Ces constats sont graves. Ils pourraient nous accabler. Nous pourrions nous retrouver collés à l’étiquette de « perdants » créée par cette effarante défaite, nous pourrions nous dévaloriser nous-mêmes, et renoncer.

Que faire alors ? Noyer nos angoisses dans l’alcool ? Herschel Ostropoler, ce héros de l’humour juif d’Europe Centrale, a essayé pour nous : j’ai voulu noyer mes soucis dans l’alcool mais depuis le temps, ils ont appris à nager ! Il va falloir trouver une autre approche. Une approche exempte de résignation.

Comment nous détacher de la fatalité de nos limites ? (רוע הגזרה, voir la prière ountané tokef)

J’ai une proposition à vous faire : acceptons nos limites, et déclarons fièrement : « nous sommes tous des perdants ». 1, 2 : « ….. » non c’est une plaisanterie.

Enfin, une plaisanterie, oui et non, nous n’avons pas besoin de dire cela maintenant, mais nous le répétons tout au long des fêtes de tichri, nous disons le « vidouï », nous déclamons nos erreurs.

Bien sûr, cela ne semble pas très commercial de dire cela… et après tout tant mieux. Car le commercial nous vend tous les objets de consommation qui nous devraient nous permettre de nous sentir « gagnants ».

En faisant cela, le commercial nous vend surtout une idéologie, celle qui dit que nous devrions être des « gagnants », et qui stigmatise les soi-disant « perdants ».

Woody Allen disait : I’d never join a club that would allow a person like me to become a member. Je n’accepterais jamais de rejoindre un club qui s’abaisserait à accepter des personnes comme moi en son sein.

C’est l’idée même de club qui est illusoire. Il n’y a rien à gagner à entrer dans le « club des gagnants ». Et l’autre club, celui de « ceux qui voudraient faire partie du club des gagnants », il est encore plus illusoire. Une étiquette stérile. Rejoignez-moi plutôt dans le club des « perdants et fiers de l’être », ou mieux encore, rejoignons le club de Ruth Bebermeyer, le « club de ceux qui refusent les clubs », les définitions, les étiquettes artificielles :

Paresseux ou stupide ? – Ruth Bebermeyer

Je n’ai jamais vu d’homme paresseux ; J’ai connu quelqu’un que je n’ai jamais vu courir, Quelqu’un qui dormait parfois l’après-midi, Et préférait rester chez lui lorsqu’il pleuvait. Mais ce n’était pas un paresseux.
Avant de me traiter d’originale, réfléchis : Était-il paresseux Ou faisait-il des choses Que nous associons à la paresse ?

Je n’ai jamais vu d’enfant stupide ; J’ai vu parfois un enfant faire Des choses que je ne comprenais pas Ou que je n’avais pas prévues. J’ai vu parfois un enfant qui n’avait pas vu Les lieux que j’avais visités, Mais ce n’était pas un enfant stupide.
Avant de le dire stupide, réfléchis : Était-il stupide Ou savait-il simplement d’autres choses que toi ?

Ce que certains nomment paresse, Est pour d’autres de la fatigue ou de la détente.
Ce que certains nomment bêtise, Est pour d’autres un savoir différent.
J’en conclus que, pour échapper à la confusion, Mieux vaut ne pas mélanger Ce que nous voyons et nos opinions.
Et cela, je le sais, N’est que mon opinion.

Au-delà des étiquettes, Je n’ai jamais vu un « gagnant », j’ai vu des personnes qui posaient des étiquettes négatives sur ceux qui étaient différents.

Je n’ai jamais vu de « perdants », j’ai vu des personnes qui avaient peu d’argent, des personnes qui subissaient des affronts, des personnes qui luttaient pour leur survie, des personnes qui étaient fustigées parce qu’elles vivaient selon leurs propres règles, j’ai vu des gens devenir des boucs émissaires parce qu’ils étaient heureux dans leur propre référentiel et refusaient de se « convertir ». Je n’ai jamais vu de « sales juifs » seulement des personnes qui « suivaient leur propre route » (et parfois les « braves gens » « n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux » (Brassens)).

Nous avons vu ce type de résistance aux définitions tout au long de l’histoire. Pour aller plus loin encore, cette résistance, nous en sommes les champions, ou nous devrions en être les champions.

Car le peuple juif n’est-il pas exactement cela ? Nous « gagnons » parce que nous refusons les jeux concurrentiels, nous étudions la Torah, le reste est accessoire. Nous avançons « lichma », gratuitement, sans nous soumettre à un besoin de reconnaissance. Nous travaillons sans relâche à la définition libre de notre propre référentiel. Beaucoup de valeurs se prétendent « sacrées » et ne le sont pas. Nous ne devons pas les révérer.

Peu nous importe, d’être « des gagnants », d’être jeunes, d’être riches, d’avoir fait des études prestigieuses, d’avoir un grand appartement, d’avoir de beaux cheveux soyeux !

  • Le riche ? c’est celui qui est heureux de ce qu’il a. / Le fort ? c’est celui qui sait guider ses sentiments. (Pirké Avot 4:1)
  • La beauté ? peu importe, c’est l’instruction qui compte (, septante, prov. 31 : אישה משכלת היא תתהלל)
  • Le pauvre ? un juste peut manquer d’argent, pas de stigmatisation des « perdants » (Rabbi Yosselman de Rosheim)

S’il faut utiliser ce mot, « perdant », soyons tous des perdants, des juifs allemands, soyons tous charlie, soyons une des 343 salopes.

En adoptant cette qualification avec fierté, nous « déracinons » la culture de compétition et de stigmatisation qui nous divise pour que d’autres règnent mieux (divide et tempera, Philippe de Macédoine)

Nous enracinons au contraire notre liberté de nous définir et de nous redéfinir sans entraves.

  • Tous les jours, nous pleurons la destruction du Temple, ce lieu de rassemblement, où les étiquettes disparaissaient, où le « pêcheur » redevenait « une personne qui, comme nous tous, avait commis des erreurs dans le passé ».
  • Tous les cinquante ans, avec le Yovel, nous remettions en cause les cessions de propriété terrienne, le « perdant » devenait « une personne qui pour un temps avait dû céder sa terre ».
  • Tous les chabbat, nous nous relevons « de la vallée des larmes », nous revêtons « nos vêtements de splendeur », nous chantons « léHa dodi » ensemble, les soi-disant « perdants » et les soi-disant « gagnants » de la semaine, deviennent « des personnes qui veulent se ressourcer ensemble ».
  • Tous les Pourim, nous buvons jusqu’à une certaine confusion, les « gentils » et les « méchants » se confondent, les étiquettes lâchent leur emprise.

En ce jour de Roch Hachana, nous disons le vidoui au pluriel, « nous avons trahi », « nous avons volé », car c’est en tant qu’égaux, « sans étiquettes », que nous affirmons notre commune responsabilité à propos de l’Etat du monde.

En ce jour de Roch Hachana, en ce jour de jugement, en ce jour où nous rappelons tous nos actes de l’année, en ce jour où nous nous demandons si nous serons inscrits dans le livre de la vie, en ce jour de tremblement, j’aimerais conclure ainsi :

Aucun de nous n’est un perdant, une perdante, nous sommes des personnes libres de définir nos objectifs.

Nous ne sommes pas des perdants ou des perdantes, nous appartenons au monde juif dans lequel, réussir, c’est créer un monde de justice et de sororité.

Nous ne sommes ni gagnants ni perdants, parce qu’en tous lieux où pleure une souffrance, le juif pleure, et nous pleurons.

Nous ne sommes ni gagnants ni perdants, parce qu’en tous temps où crie une désespérance, le juif espère, nous nous efforçons d’espérer.

Nous ne sommes ni gagnants ni perdants parce que, pour Israël, l’Homme n’est pas créé : les hommes le créent, nous essayons de le recréer.

(Les passages en violets sont tiré du poème d’Edmond Fled, « Pourquoi je suis juif ».)

Nous sommes au-delà des stigmatisations qui nous cloisonnent.

Certes, nous n’avons pas réussi à rendre possible la réjouissance dont parle le Deutéronome :

Et tu te réjouiras en présence de l’Éternel, ton Dieu, toi, ton fils et ta fille, tes employés, le Lévi qui sera dans tes murs, l’étranger, l’orphelin et la veuve qui seront près de toi, dans l’enceinte que l’Éternel, ton Dieu, aura choisie pour y faire habiter son nom.

Cela fait 3000 ans que nous y travaillons, et nous continuerons avec toute l’urgence qui s’impose.

Roch hachana n’est pas le jour du jugement-auto-flagellation mais celui du jugement éclairé.

Roch hachana n’est pas le jour du jugement-stigmatisation mais le jour du jugement constructif.

Roch hachana n’est pas le jour du jugement-conformité mais celui du jugement-remise en question.

Que ce Roch hachana soit pour nous un nouveau départ, pour de nouvelles avancées. Jusqu’à ce que nous puissions réellement nous réjouir.

Textes de téchouva avant Kipour

Encore 6 jours avant Kipour…

En dehors des textes traditionnels, voici quelques textes modernes qui éclairent notre période de téchouva, un par jour, si cela vous dit. A lire, et à partager…

  1. Le sens au prix de la souffrance, poème d’Edmond Fleg
  2. Sommes-nous des passagers clandestins? poème de Hava Halberstein
  3. Ne pas sacrifier les générations futures, Léonard Cohen
  4. Qui vivra? Léonard Cohen
  5. Partizanlied, Hirsch Glick
  6. Toute fin est un commencement, Léa Nahor

Le sens des offices de Roch hachana

Dernière ligne droite avant Roch hachana. Chana tova à toutes et à tous, bons derniers préparatifs, qu’ils soient matériels ou spirituels.

Que cette année qui commence soit une année pleine de douceur de la vie, de douceur de nous vers nos aimés et de nos aimés vers nous, de douceur vers les autres, encore inconnu, qui nous restent à découvrir. De douceur envers nous-mêmes quand nous sommes moins que parfaits.

Pour ceux qui ne l’ont pas encore, voici un seder de roch hachana positif élaboré par mes soins, en hébreu comme en translittération: Seder roch hachana PDF seder roch hachana DOC

Pour ceux qui veulent écouter quelques extraits du disque de notre chère Hazan, Hélène Blajan, voici la possibilité d’écouter, et si vous le souhaitez, de l’acheter: disque de Hélène Blajan (il est également disponible à la synagogue)

Et voici un extrait du livret de son disque, que j’ai eu le plaisir d’écrire pour elle:

—- office du soir de Roch hachana —–

Avant de nous projeter dans l’avenir, prenons avant tout conscience des souffrances qui nous ont touchées cette année, pour nous ouvrir ensuite à la possibilité d’une année meilleure, nous sommes nous-mêmes la « petite sœur », « aHot Kétana », dont nous cherchons à panser les plaies. Cette petite sœur est à la fois chacun et chacune de nous, le collectif du peuple juif, et peut-être également l’espèce humaine dans son ensemble, et toute vie qui partage avec elle l’espace de la planète.

Nous allumons ensuite nous-même la bougie de l’entrée de la fête, nous prenons la responsabilité d’accueillir ce moment. Réjouissons-nous d’être en vie et d’avoir la pleine jouissance de notre conscience, la liberté de tirer profit de ce temps de joie et de gravité, merci à « celui qui nous a fait vivre » jusqu’à ce moment, « chéhéHéyanou ».

Qu’est-ce qui est réellement digne de louange ? Ce qui nous élève vers les valeurs éternelles. L’officiant nous interpelle, « Bénissez l’Eternel qui est seul béni ! », « BaréHou ! », et introduit ainsi les bénédictions du Chéma Israël. Nous lui répondons de même « Il est béni celui qui est bénit éternellement ! ». Ainsi commence notre dialogue avec un absolu ineffable.

Avant de nous tenir debout face à notre propre jugement au cours de la Amida, nous nous concentrons sur la particularité du jour de Rosh hashana. L’appel des Psaumes, « Tike’ou ! », « sonnez ! », nous enjoint de faire retentir dans la salle et en nous-même la voix irrésistible de notre conscience. Suite à ce moment méditatif, d’exigence personnelle, nous rappelons Dieu à ses devoirs : « Toi aussi souviens-toi de nous pour la vie, car c’est ta nature même d’aspirer à ce qu’il y ait de la vie, et inscris-nous dans le livre de la vie, juste parce que tu ne peux être que toi-même, toi, Dieu de vie ! », « ZoHrénou laHaïm ! ».

La prière du soir se termine dans la sérénité avec « Adon Olam », « Maître du monde », prière qyu nous renvoit à une image d’éternité et d’absolu, à un idéal éthique immuable et exigent mais aussi chaleureux, auquel nous nous remettons.

—- office du matin de Roch hachana —–

Si nous traduisons en actes toutes les grandes idées qui nous inspirent, ce n’est pas pour rentrer dans l’idolâtrie du rite, mais bien pour continuer à nous nourrir de leur inspiration. Si nous rappelons « l’offrande du matin » et les sacrifices du temple, ce n’est pas par regret, mais pour que son souvenir nous encourage à agir pour le bien et la justice, et que le « Juge de toute la terre », « Shofet kol haaretz », nous montre le chemin de l’exercice de notre jugement et de notre raison.

Mais l’intellect seul ne suffit pas à appréhender le monde. La force, la compassion, la bienveillance, la tempérance, la bonté, l’authenticité, la constance dans l’exercice de la bonté, la capacité à supporter les injustices, les fautes, les passages à l’acte sont également nécessaires. Telles sont les treize qualités attribuées à Dieu que nous apostrophons en utilisant le tétragramme, « Éternel, Éternel ! », « Adonaï, Adonaï ! », devant l’arche sainte ouverte.

Mais cet exemple est désormais dans nos mains et il nous appartient de rappeler cet enseignement, cette « Torah », à notre propre souvenir. Nous le reprenons à notre compte et nous affirmons : « Il est bénit celui qui a transmis son enseignement », « BarouH shénatan Torah ! ». Notre officiant proclame le « Shéma Israël », « écoute israël » et nous, assemblée en quête de grandeur, nous lui faisons écho en reprenant ses paroles. Dieu est sans doute infini dans son monde absolu, mais dans les réalités de nos vies, nous seuls pouvons suivre le chantre qui nous invite : « Grandissez pour l’Eternel avec moi », « Gadélou ».

Nous ouvrons les portes de l’arche de la Torah, cet enseignement dont nous sommes désormais les gardiens et les commentateurs, et en ces jours solennels, nous invitons les portes du monde elles-mêmes à s’ouvrir, « Ouvrez-vous portes du monde ! » « séou shéarim ! » pour laisser entrer le Roi de Gloire.

La lecture de l’enseignement est désormais terminée, et nous entrons dans une nouvelle phase méditative avec cette prière « supplémentaire », ce « moussaf » particulier aux jours de fête. Cette nouvelle Amida inclut en particulier une invitation à rentrer au plus profond de l’examen de soi. « Donnez toute sa force », « ountane tokef » à la spécificité de ce jour, car il est grave et redoutable, car le jugement y est entièrement véritable, implacable et inéluctable, où les rôles de juge, d’accusateur, d’expert et de témoin sont tous tenu par l’Éternel lui-même… à moins que notre « remise en cause », la « Téchouva », que notre « jugement sur soi-même dans la prière », la « téfila », et que nos actions d’entre-aide pour la justice sociale, la « tsédaka », ne nous permette de reprendre la main et d’obtenir une nouvelle chance.

Pour cette chance et cette liberté qu’il nous offre, « il est de notre devoir de louer » le maître du monde, « alénou léchabéaH ».