📜 La paracha cette semaine est Nitsavim-VayéleH. Je suis l’auteure du commentaire rabbinique sur la chaine youtube de Judaïsme en Mouvement, et à cette occasion, je vous joins une version écrite ainsi qu’une petite vidéo d’approfondissement des termes hébraïques que j’emploie.
Vous pouvez par ailleurs consulter mes vidéos des années précédentes concernant cette paracha, venir écoute mon commentaire live à la synagogue surmelin vendredi soir, et venir écouter la lecture et le commentaire de Maia, samedi matin… mais aussi demain matin à l’occasion de l’office de seliHot à 8h30.
Voyez également:
Paracha nitsvaim-vayéleH, La permanence, c’est le renouveau
Dans nos vies, nous avons des ami.es, des soutiens, des allié.es, des protégé.es.
Les liens que nous tissons sont-ils éternels ? Ils peuvent l’être. Sont-ils immuables ? Certainement pas. La vie, c’est le mouvement. La vie n’est pas une terre sur laquelle on peut marcher, mais une eau vive, sur laquelle on peut flotter ou nager. Ou peut-être danser, comme le disait la grand-mère de Marshall Rosenberg : Ne marche pas quand tu pourrais danser !
Les noms de la paracha de cette semaine reflètent cette dualité.
Nitsavim-VayéleH, tel est son nom. Il s’agit d’un nom double car deux sections sont associées. Les noms des sections sont donnés en citant le premier mot. Nitsavim est donc le premier mot significatif de la première section que nous lisons : אַתֶּ֨ם נִצָּבִ֤ים הַיּוֹם֙ כֻּלְּכֶ֔ם
Traduit par « vous vous tenez toutes et tous aujourd’hui »… Nitsavim, vous vous tenez, comme matsav, une situation en hébreu, comme yatsiv, stable en hébreu. Ce mot représente la stabilité. Il est important de se sentir en sécurité, en continuité, fidèles à une tradition.
Le nom est Nitsavim-VayéleH, car nous associons deux sections cette année. La deuxième section est VayéleH, וַיֵּ֖לֶךְ מֹשֶׁ֑ה וַיְדַבֵּ֛ר אֶת־הַדְּבָרִ֥ים הָאֵ֖לֶּה אֶל־כׇּל־יִשְׂרָאֵֽל׃
Moïse alla et parla ces paroles vers tout israel. Cette phrase n’est pas statique, elle est vivante ! Il alla, il se met en mouvement. Il parle dans une direction : « vers » tout israel. Cette phrase propose la souplesse. Il est important d’être en mouvement, d’évoluer, la vie n’est pas statique, nous devons danser avec elle. Nous avons besoin de liberté, d’exploration, de créativité.
Nitsvim – la continuité, et VayéleH – le mouvement, s’associent dans le judaïsme comme dans la paracha de cette semaine.
Quelle rapport avec l’alliance, dans ce cas ? L’alliance est une stabilité. Et elle ne peut perdurer que si elle évolue en partenariat avec la vie elle-même, qui elle-même évolue sans cesse. Une alliance pérenne est une alliance qui se redéfinit, qui associe permanence et renouveau.
Pour cette raison, nous relisons avec autant d’émotions, de génération en génération, ces sections de la torah qui nous remettent face à notre alliance avec le judaïsme. La torah nous dit : « aujourd’hui, vous, toutes et tous, en personne, maintenant, en cet instant vous vous tenez devant l’Éternité ». Qui est « vous » ? aujourd’hui, c’est nous, mais hier, c’était nos parents, et toutes les générations précédentes. Quand est le « maintenant » ? Pour nous, c’est l’instant où nous entendons ces paroles, mais l’année dernière, il s’agissait d’un autre temps, et lors de la rédaction de ce passage, peut-être il y a 2500 ans, il s’agissait encore d’une autre époque. A tous ces moments, l’alliance s’est renouvelée. De nombreuses fois avec chacune des figures ancestrales racontées par la Genèse et l’Exode, puis avec Ezra et Néhémie au -Ve siècle, puis avec YoHanan ben Zakai autour de l’an zéro, et à nouveau autour des grands tournants du judaïsme.
Quel est le type d’alliance pour lequel nous sommes présent.es aujourd’hui ? Nous le redéfinirons ce chabbat, avec la lecture de cette paracha. Nous le redéfinirons à Roch hachana chabat prochain, et kipour dix jours après. Quel est le type d’alliance qui nous unit à nos proches ? Nous le redéfinissons chaque fois que nécessaire, et en particulier à l’approche des fêtes de tichri, avec les clarifications relationnelles qui accompagnent la téchouva, la redéfinition de nos vies. Car la vie est vivante, et nous voulons être dans la vie, célébrer nos permanences et changements personnels, la stabilité et l’évolution de nos relations, la continuité et la créativité de nos communautés.
Chabbat Chalom, Chana tova, שבת שלום ושנה טובה




