Pourquoi Dieu n’utilise-t-il pas la violence contre les « fausses religions » ?

Avoda zara 54b

Dieu semble se compliquer la vie. S’il n’aime pas les cultes idolâtres, pourquoi ne pas tout simplement les détruire ? Pourquoi ne pas détruire ceux qui le défient ouvertement ? Telle est la question posée par les sages des nations à Israël d’après le Talmud.

C’est une bonne question. Pourquoi Dieu n’utilise pas lui-même la violence ? La violence peut-elle résoudre les conflits religieux ? Est-il légitime de s’approprier la « volonté de dieu » pour défendre l’un ou l’autre culte ?

Pour les sages du Talmud, Dieu lui-même s’interdit la violence, et respecte la liberté de croyance de chacun. Le monde poursuit son cours, à charge pour nous de le rendre aussi bien que possible. Voilà en tout cas l’une des réponses apportées par notre sougia ce mercredi.

(Attention, le texte suivant est traduit à dessein d’une façon proche du texte, pour inviter à participer à l’étude juive dans le respect de sa nature : en face à face, en Hévrouta, avec la compagnie d’un maître. Vous pouvez préparer le texte à l’avance, mais ne restez pas dans cette étape solitaire source de mécompréhension. Merci.)

Pour nous rejoindre au café des Psaumes ce mercredi de 12h30 (accueil à 12h) à 14h , contactez Paule sur facebook ou répondez à cet article en commentaire.

On enseigne dans la michna on a demandé aux anciens à Rome s’il n’aime pas le service des étoiles pourquoi ne l’annule-t-il pas ils leur ont dit si ils servaient des choses dont le monde n’a pas besoin il l’annulerait voici qu’ils servent le soleil et la lune et les étoiles et les constellations il va détruire son monde à cause des fous ils leur dirent si c’est ainsi qu’il détruire les choses dont le monde n’a pas besoin et qu’il laisse les choses dont le monde a besoin ils leur dirent et aussi nous soutenons les mains de ceux qui disent ce sont des divinités puisque elles n’ont pas été détruites

 

Guémara les sages ont enseigné les sages des nations ont demandé aux anciens à Rome si leurs dieu ne désire pas le service des étoiles pour quelle raison ne l’annule-t-il pas ils leur dire si ils servaient une chose une chose dont le monde n’a pas besoin il l’annulerait or ils servent le soleil et la lune et les étoiles et les constellations il va détruire le monde à cause des fous mais le monde se conduit selon sa conduite et les fous qui le détruisent finiront par être jugés autre chose voici qu’il a volé un séa de blé et l’a planté dans le sol est-ce justice qu’il ne pousse pas mais le monde se conduit selon sa conduite et continue et les fous qui le détruisent finiront par être jugés autre chose voici celui qui a des relations avec la femme de son prochain est-ce justice qu’elle ne tombe pas enceinte mais le monde se conduit selon sa conduite et continue et les fous qui le détruisent finiront par être jugés et c’est ce qu’a dit rech lakich le saint béni soit-il a dit je ne juge pas les méchants qui rendent mon effigie sans valeur mais qui m’oppressent et s’attribuent ma signature sans mon accord.

מתני’ שאלו את הזקנים ברומי אם אין רצונו בעבודת כוכבים למה אינו מבטלה אמרו להן אילו לדבר שאין צורך לעולם בו היו עובדין היה מבטלו הרי הן עובדין לחמה וללבנה ולכוכבים ולמזלות יאבד עולמו מפני השוטים אמרו להן א »כ יאבד דבר שאין צורך לעולם בו ויניח דבר שצורך העולם בו אמרו להן אף אנו מחזיקין ידי עובדיהן של אלו שאומרים תדעו שהן אלוהות שהרי הן לא בטלו:

גמ ת »ר שאלו פלוסופין את הזקנים ברומי אם אלהיכם אין רצונו בעבודת כוכבים מפני מה אינו מבטלה אמרו להם אילו לדבר שאין העולם צורך לו היו עובדין הרי הוא מבטלה הרי הן עובדין לחמה וללבנה ולכוכבים ולמזלות יאבד עולם מפני השוטים אלא עולם כמנהגו נוהג ושוטים שקלקלו עתידין ליתן את הדין דבר אחר הרי שגזל סאה של חטים [והלך] וזרעה בקרקע דין הוא שלא תצמח אלא עולם כמנהגו נוהג והולך ושוטים שקלקלו עתידין ליתן את הדין דבר אחר הרי שבא על אשת חבירו דין הוא שלא תתעבר אלא עולם כמנהגו נוהג והולך ושוטים שקלקלו עתידין ליתן את הדין והיינו דאמר ריש לקיש אמר הקב »ה לא דיין לרשעים שעושין סלע שלי פומבי אלא שמטריחין אותי ומחתימין אותי בעל כרחי

 

 

Quelle vision a-t-on ici du « miracle » ? Qu’apprenons-nous sur la liberté de croyance de l’homme ? Sur l’intervention de dieu ou non dans le quotidien humain ? La violence est-elle un moyen légitime de faire avancer une cause ?

Texte à télécharger en cliquant sur le lien suivant: talmud 5777 -1 Avoda zara 54b

Talmud et humanisme: prenez date!

Le Talmud et les valeurs humanistes – Cycle Talmud 5777 – Rabbin Floriane Chinsky

Où ? Café des Psaumes, 16 ter Rue des Rosiers, 75004 Paris
Quand ? Un mercredi par mois les :    29/9/2016 ; 23/11 ; 14/12 ; 25/1/2017 ; 22/2 ; 29/3 ; 26/4 ; 17/5 ; 21/6
de 12h30 (accueil 12h) à 14h

L’humanisme défend la centralité de l’être humain, l’égalité de tous les êtres humains, l’importance de la diversité culturelle et personnelle, la recherche de la connaissance, la liberté de chacun de développer ses idées et ses croyances.

Le Talmud a parfois été décrié. Certes, l’enseignement oral défend la spécificité du judaïsme. Ceux qui voudraient prôner une égalité façon Procuste ne peuvent y trouver leur compte. Pourtant, lorsque le Talmud défend la liberté des juifs à avoir une culture propre, il défend par là-même la liberté de chaque peuple et de chaque individu, posant ainsi le respect d’autrui.

L’égalité au sens juif n’est pas l’égalité qui réduit chacun et chacune à un modèle unique, mais l’égalité de dignité et de liberté de chaque être humain.

Nos textes de cette année seront des textes talmudiques qui défendent les valeurs humanistes.

Le talmud est au cœur de la pensée juive, de notre spécificité en tant que religion monothéiste. Que dit ce texte central des valeurs humanistes ? « Le Talmud et les valeurs humanistes » sera notre thème pour cette année, au café des Psaumes. A partir du talmud dans le texte, avec des traductions en français, des Hévroutot (études en binôme), et avec l’objectif d’en tirer des enseignements de sagesse, nous trouverons chacun notre place dans l’étude de ce texte merveilleux.

Pour étudier avec nous au café des Psaumes, contactez Paule sur facebook ou répondez à cet article en commentaire.

1             28/9       Pourquoi ne détruit-on pas les cultes idolâtres ?  (Avoda Zara)
2             23/11    A-t-on le droit d’exister même quand on est « immoral » ? (Béréchit Rabba)
3             14/12   Peut-on être ‘Elohiste’ sans être humaniste ?  (MeHilta dérabi Ichmael/Devarim Raba)
4             25/1       Parler pour le bien : un devoir ‘religieux’  (AraHin)
5             22/2       Comment contrer le lachon hara ? (AraHin)
6             29/3       L’interdit du « Meurtre Virtuel » dans le Talmud (AraHin )
7             26/4       Quand ‘Dieu n’aime pas ceux qui l’aiment  (Yoma )
8             17/5       Haine gratuite, Orgueil, Excès de zèle, qui est le vrai coupable ? (Guitin)
9             21/6       Le secret de la diversité humaine  (Yérouchalmui et Babli beraHot)

Pour télécharger le programme, cliquez ici: Talmud 5777 – 0 Talmud et valeurs humanistes

Talmud hébreu/araméen anglais en ligne, cliquez ici: Talmud araméen/anglais

Bible hébreu/français/rachi en ligne cliquez ici: Bible en ligne

Chavouot 5776: Sommes-nous tous des convertis ?

Chavouot, don de la torah
tables de la loi

Chavouot est la fête de la réinvention du Judaïsme, de la réception renouvelée de la Torah, reçue par tout le peuple au moment du Sinaï et par chacun d’entre nous, chaque année.

Nous sommes tous des convertis. Nous nous reconvertissons chaque année, nous recevons la Torah à Chavouot, nous faisons téchouva à Kipour. Nous gardons une alliance qui se renouvelle et nous grandissons dans cette alliance.

Le dire ainsi semble provocateur, mais tels sont les termes du midrach lui-même.

En cette période où ceux qui désirent rejoindre le peuple juif sont parfois très mal accueillis, nous tenons à remettre l’accueil au centre de notre étude, l’accueil que la tradition nous ordonne.

En ce jour de réception renouvelée de la Torah, c’est la conversion qui sera à l’honneur. Et tout naturellement, Ruth sera notre héroïne…

 

18h45 office/dracha

D’Abraham à Ezra en passant par Moïse, Sarah et Ruth, sommes-nous tous des convertis ?

19h45

La loi juive et son évolution : Présentation générale

Un exemple, Zadok Kahn, entre libéralisme et orthodoxie

20h 45 repas, plat principal

21h 30

La conversion : Contexte halaHique

La conversion : Éléments historiques


22h 30 repas,  gâteaux au fromage

23h

Atelier d’étude sur texte : Les grandes figues de convertis


23h45 café et intermède musical (Levanah Leibman Dratwa)

24h

Etude du livre de Ruth
1h

Questions d’actualité : Peut-on annuler des conversions ? Qu’est-ce qu’une « vraie » conversion ?

2h  Hévrouta sur texte : Les sources de la conversion dans la tradition juive

Les personnes désirant participer au repas sont priées de s’inscrire auprès de Catherine.

Selon la tradition, nous apporterons des mets lactés, gâteaux au fromage, cheese cakes, riz au lait, pâtisseries au miel, etc….

Lancement du cycle de cours « Re-devenir juif »

conversion judaïsme
Cours de conversion au JudaÏsme au MJLF

Notre tradition est une tradition de respect et d’accueil.

Nous accueillons chacun et chacune dans son identité propre, nous défendons l’importance de la diversité des cultures et des spiritualités.

Ainsi, les juifs « religieux » (libéraux, orthodoxes, massorti) ou laïcs (amoureux du Yidish de l’hébreu ou du ladino, athées ou agnostiques), sont les bienvenus dans notre synagogue et dans l’ensemble de nos activités.

De la même façon, chacun et chacune est bienvenu quelle que soit sa religion, pour venir nous rencontrer ou passer un moment avec nous.

Dans ce contexte, la « conversion » n’existe pas en tant que telle dans le judaïsme, nous ne faisons pas de prosélytisme, nous ne prétendons pas détenir une vérité « plus pure ».

En revanche, le « Giour » existe, cela signifie que nous accueillons dans notre peuple ceux qui se sont rattachés à l’identité juive, qui se sont intégrés à notre peuple et veulent entreprendre une démarche officielle dans ce sens.

Telle est la position du Talmud et de la halaHa à travers les siècles.

Notre mouvement, le MJLF, est engagé dans une vision ouverte et bienveillante des conversions, comprenant un processus d’étude de 18 mois validé par un Beth Din, entériné par un mikvé.

Le MJLF-est Surmelin inaugure le mois prochain une nouvelle formule, qui vaut la peine d’être étudiée.

Elle propose une étude ouverte pour apprendre/reprendre les bases avec ouverture, sérieux et légèreté.

Si vous êtes intéressé.e.s, contactez-nous. Si vous vous posez des questions, n’hésitez pas. Si vous connaissez des personnes qui souhaiteraient nous rejoindre, faites circuler l’information, ou mieux encore, venez avec eux pour que nous fassions connaissance…

Informations: Rabbin Floriane Chinsky 07 53 36 42 45       Site Devenir Juif : https://devenirjuif.wordpress.com/demarche-conversion/mjlf-est/

conversion flyer

 

Dieu est-elle plus féministe que nous ? La preuve par Sarah x Rebecca

Téléchargez en cliquant ici la feuille de sources:Feuille de source du premier cours: Notions fondamentales, Torah et Rachi, interventions divines en faveur de Sarah

Avez-vous lu attenAffiche culture juive féministetivement l’histoire de Sarah? Et celle de Rebecca?

N’êtes-vous pas intrigués par tous ces éléments étranges de l’histoire de nos matriarches? Pourquoi les anges qui viennent voir Abraham s’inquiètent-ils autant de Sarah? Pourquoi Dieu s’adresse-t-il à Rebecca et non à Isaac à propos de leur descendance?

Ces questions et beaucoup d’autres nous permettent de réfléchir sur le positionnement du dieu de la Torah à propos des questions féministes.

Ce premier cours sera donc placé sous le signe de la Torah écrite, du pentateuque, avant que nous passions aux approches talmudiques.

 

Avez-vous eu l’occasion de remarquer comment le dieu de la Torah défend la cause des matriarches ?

Connaissez-vous les héroïnes du Talmud ? Avez-vous étudié les arguments de halaHa pour ou contre la participation des femmes dans la pratique juive au quotidien ?
La « religion » est-elle en retard en matière de féminisme ?
Comment renforcer la collaboration entre les citoyens et les citoyennes de l’identité juive ?
L’étude des sources nous donnera des arguments pour mieux défendre les valeurs modernes de notre tradition…

Accueil       19h45
Cours         20h/21h30

Quelques articles en anglais:

  1. http://www.truah.org/resources-91356/divrei-torah/362-the-story-of-sarah-and-hagar-through-a-feminist-lens.html
  2. http://www.lilith.org/shop/download/v23i01_Spring_1998-13.pdf
  3. http://jwa.org/encyclopedia/article/sarah-midrash-and-aggadah
  4. http://www.aish.com/ci/w/48955426.html
  5. http://www.myjewishlearning.com/article/sarah-in-the-bible/
  6. https://en.wikipedia.org/wiki/Jewish_feminism
  7. http://nutorah.blogspot.fr/2011/11/chayei-sarah-accusing-torah-of-feminism.html
  8. http://www.chabad.org/theJewishWoman/article_cdo/aid/2235031/jewish/Was-Abraham-the-First-Feminist.htm
  9. http://www.fr.chabad.org/library/article_cdo/aid/1775817/jewish/Le-rle-des-femmes-dans-le-Judasme.htm

Téchouva pédagogique!

Les vacances nous offrent en cadeau une relation parentale libérée des contraintes du quotidien.
Elles nous permettent de préparer l’année à venir, et en particulier les événements de la rentrée.

La rentrée juive est un soutien pédagogique extraordinaire aux valeurs que nous défendons auprès de nos enfants.

Tichri nous invite à approcher la pensée et l’étude des questions fondamentales de la vie avec joie, c’est SimHat Torah, la fête des enfants dans laquelle les grands trouvent une liberté du bonheur partagé.
Tichri nous introduit également dans l’introspection, la critique bienveillance de nous-même. Ce sont les « jours redoutables », Roch Hachana et Yom Kipour, des fêtes pour adultes, grâce auxquelles les enfants peuvent apprécier l’importance que nous accordons au fait de toujours chercher à « grandir » et à nous améliorer, quel que soit notre âge.

Nous avons développé ces questions dans les deux précédents articles.
Voyons comment notre exemple peut également inspirer nos enfants dans leur cheminement.

En tant que parent, nous pouvons choisir de partager nos espoirs, nos réussites et nos échecs avec nos enfants, dans une mesure adaptée à leur compréhension bien sûr.

C’est une façon certaine de leur témoigner du respect que nous avons pour l’introspection, de la bienveillance avec laquelle nous jugeons nos échecs et nos imperfections, de l’importance à nos yeux de toujours chercher à mieux faire, sans juger.

Les textes de Roch hachana sont emplis de ces invitations à la bienveillance et à l’amélioration:
Si nous avons commis des erreurs, c’est sans le vouloir.
Nous nous invitons par le chofar, l’étude des textes, l’immersion dans un mikvé, et les offices, à recommencer à nous construire avec de nouvelles forces.
Tel est le sens de cette « téchouva », ce retour au meilleur de nous-même, que nous entreprenons à l’occasion des fêtes de Tichri.

Un autre élément fondamental de cette période est la réconciliation.
Chacun est censé demander pardon, reprendre sur de nouvelles bases non seulement au niveau personnel mais également au niveau relationnel.
Cet aspect n’est pas toujours évident à mettre en œuvre car nos partenaires amoureux, amicaux, familiaux ou professionnels ne sont pas toujours ouverts à cette question.

On peut, en souhaitant une bonne année aux uns et aux autres, ouvrir la discussion avec prudence. « Je voulais te souhaiter une bonne année, nous avons passé du temps ensemble en tant que collègues, et à l’occasion de cette fin d’année, je me demandais si nous pourrions améliorer notre façon de travailler ensemble ? Peut-être as-tu eu l’occasion d’y penser ? Voudrais-tu que nous en parlions à l’occasion ? »
Bien sûr, il nous appartient d’être juges de l’opportunité d’ouvrir ce dialogue et de le conduire au mieux.
Tichri nous invite à nous interroger sur la meilleure attitude à adopter pour permettre une fluidification des relations.

Pour ce qui est de nos enfants, la question est plus simple puisque nous nous appuyons sur notre devoir d’éducation pour leur transmettre ce qui nous tient à cœur. En principe, ils sont convaincus de notre bienveillance à leur égard.

Nous pouvons alors probablement soulever certaines questions. Le principe du fait que nous les aimons et que nous les acceptons dans les différentes composantes de leur personnalité doit être posé de façon évidente. Ceci établi, il est légitime de partager nos expériences…
Qu’aimons-nous dans leur attitude ? Qu’est-ce qui nous est difficile ? Et eux, qu’aiment-ils ? Quels seraient leurs désirs ? Il est normal d’avoir des désaccords, tout ne doit pas être résolu.

Il est des questions à propos desquels nos enfants n’ont pas la maturité pour définir leur meilleur intérêt, et d’autres pour lesquelles nous pouvons de façon discrétionnaire décider de ce qui est ou non acceptables dans nos murs. Ils ont le droit de ne pas être d’accord, et peuvent choisir la meilleure façon pour eux de gérer leur désaccord. Mais dans beaucoup de cas, il est possible d’identifier les besoins de chacun et de trouver les stratégies adéquates pour les satisfaire d’une façon acceptable par le collectif familial en général et par les parents en particulier.

Quel meilleur temps que les vacances, ce moment ensemble, ce moment sans contraintes, pour poser les bases d’un renouveau personnel et relationnel ? Nous pourrons alors ancrer toutes ces discussions et toutes ces décisions en les écrivant, en les racontant, en venant en parler au rabbin et de toute façon qui puisse vous convenir.

N’hésitez pas en tout cas à me faire part de vos commentaires, pour que nous puissions partager nos expériences !

Bonnes vacances 5775, et très bons préparatifs pour 5776 !

Embrasser le passé, Chérir l’avenir – pédagogie de Roch Hachana

L’année scolaire s’est achevée, les vacances sont à leur début, et tout semble possible!
Chaque étape de la vie est l’occasion d’intégrer de nouvelles pratiques susceptibles de nous rendre la vie plus belle.

Comment profiter des vacances?
Ces moments de tranquillité permettent de renforcer les liens familiaux et filiaux, de mettre en place de bonnes pratiques relationnelles qui renforceront la base d’amour si fondamentale pour que nous soyons en mesure de guider nos enfants tout au long de l’année.

Au cours de nos réflexions de ce matin, au cours “Le judaïsme, un atout pour l’avenir de nos enfants”, nous avons envisagé deux directions. Les vacances permettent de mettre en place des habitudes qui nous serviront au quotidien, d’une part, mais aussi de nous préparer à utiliser le plein potentiel pédagogique des fêtes de Tichri. Nous avons pu parler déjà de SimHat Torah, une fête « orientée enfant » par excellence, bien qu’elle soit également très riche spirituellement et intellectuellement.

Les « jours redoutables » pour leur part recèlent un potentiel insoupçonné sur le plan pédagogique.
La faute et les erreurs ne sont pas des fatalités, nous sommes tous unis dans la recherche de notre meilleur nous-mêmes, nous sommes égaux devant nos faiblesses et égaux face à notre potentiel d’amélioration.

Ces messages contribuent à inscrire les enfants dans une identité positive, à se considérer comme des « gens biens ». Les étiquettes influencent notre manière d’être. Celui qui se considère de façon négative a du mal à s’améliorer. Les jours redoutables brisent ces étiquettes, tel est le sens profond du Kol Nidré que nous prononçons solennellement le soir de Kippour.

Pourtant, les étiquettes positives peuvent nous inviter à nous complaire dans le sentiment de notre « bonté ».
Tichri nous enseigne que la seule façon d’être des « gens biens », c’est d’admettre nos imperfections et de chercher à nous améliorer.

Roch hachana et Kipour sont bien sûr fondamentales et jouent un rôle important également pour les plus petits. Pour en tirer un profit pédagogique, nos enfants ont pourtant besoin de notre aide.

En effet, ces fêtes sont avant tout des temps d’introspection.
La porte d’entrée pour les plus jeunes peut se faire de façon ludique, à travers le choix ensemble de vêtements blancs par exemples, qui souligneront le sens de ces fêtes.

On peut prévoir un seder de Roch Hachana, qu’il soit traditionnel selon les différentes coutumes séfarades ou créatif à la mesure des désirs de nos enfants. L’idée est de choisir notre menu préféré ainsi que des mets symboliques qui représentent nos espoirs pour l’année à venir.
Le seder traditionnel s’appuie sur des jeux de mot en araméen.
Il est tout à fait possible de se tourner vers des jeux de mots (laids) en français. Ainsi, des bananes, permettront de se souhaiter une « banne année », des pêches pour avoir la pêche, et on peut décliner cela à l’infini.

Roch hachana implique également une vision rétrospective de nos vies et une prise de décision concernant l’année à venir. Comment partager cela avec nos enfants?

Tous les moyens sont bons.
On peut leur demander de dessiner les trois évènements les plus marquants de l’année, ou leur proposer de les raconter.
On peut reprendre leur cahier de texte et parler de la façon dont ils ont vécu chaque saison, les différentes étapes scolaires, les différentes vacances, les événements familiaux, qu’ils soient joyeux ou douloureux.
On peut ouvrir les albums photo.
Nous avons ainsi une nouvelle chance de poser des mots sur leurs expériences.

Pour ce qui est de la projection dans l’avenir, on peut parler avec eux de leurs espoirs pour l’année à venir, les plus jeunes et les plus créatifs peuvent une fois de plus passer par le dessin et se représenter dans leur future classe de CM2, raconter leur entrée en 6e, envisager ce que seront leurs espoirs, leurs défis et leurs atouts lors de leur entrée à l’université…
Ce sont également des thèmes à aborder à la table familiale, chacun prenant ainsi la mesure de l’importance des différents enjeux de chacun.

Il sera alors plus facile de faire preuve d’empathie, de garder la maison calme lorsque l’ainé prépare des examens ou d’augmenter ses capacités de tolérance au chahut quand la petite dernière fête son anniversaire!
Il est possible de garder les dessins ou les récits de nos espoirs pour l’année à venir et de les revisiter en fin d’année, lorsque un nouveau cycle recommencera… Ce qui a vraiment compté pour nous, était-ce justement ce que nous attendions ou d’autres événements imprévus?

Les dessins pourront également trouver leur place sur le mur du salon pendant la période des fêtes, ou dans la souka, et pourquoi pas sur les murs de la synagogue, pour que vos enfants s’y sentent bien chez eux!
On peut imaginer par exemple un dessin de l’espoir, reprenant nos aspirations pour l’année à venir, sur lequel travailler pendant les vacances, à accrocher dans le salon à l’occasion de roch hachana et à amener à la synagogue pour kipour… De cette façon, les dimensions individuelles et collectives qui sont représentées au cours des fêtes de tichri trouveront également leur place pour chacun d’entre nous.

N’hésitez pas à me faire partager le fruit de vos réflexions et de vos expériences… Les dessins des plus ou moins jeunes seront également bienvenus…

Fabriquer du sacré, sans jamais se sacrifier ! Paracha Vayikra

Nous aimons nous sentir généreux et altruistes, agir seulement dans l’intérêt du bien, mais nous n’y arrivons pas toujours.
La paracha Vayikra nous parle des sacrifices, ces actes qui doivent nous permettre de « rattraper nos erreurs ».
Pourtant, nous nous souvenons que les premières offrandes et les premiers sacrifices ont mené au premier meurtre, au premier fratricide. Caïn, l’initiateur de la première offrande, a tué son frère Abel, justement à cause de « guerres d’offrandes ».

Alors, le sacrifice nous mène-t-il au pardon de la faute, comme le dit Vaykra, le lévitique, ou à la faute suprême, comme le dit la Génèse ? Les offrandes à Dieu amènent-elles la paix ou bien la guerre ?
Ces questions sont plus que jamais d’actualité.
Les sacrifices servent-ils à quelque chose, et si oui, à quoi ?

Lorsque les pirké avot disent « le monde repose sur trois choses », les trois choses mentionnées sont (selon chimon hatsadik): Torah, Avoda, Guémilout Hassadim.
Torah, l’étude, la guémilout Hassadim, le fait de faire du bien autour de soi et la Avoda.
על שלושה דברים העולם עומד–על התורה, ועל העבודה, ועל גמילות החסדים

Qu’est-ce que la Avoda ? Il s’agit du « service », de ce que nous faisons « pour Dieu », du culte que nous faisons au temple à l’époque où il existait et le « service du cœur », la prière, que nous chantons ensemble à la synagogue à notre époque.
Le monde reposait sur les sacrifices et repose sur le service du cœur qui l’a remplacé.

Les sacrifices au temple avaient des objectifs divers : Les olot marquaient les transitions de la vie, les naissances, les conversions, les guérisons… Les chélamim étaient les offrandes festives, consommées par toute la famille au temple. Les Hatat étaient amenée pour tourner la page après avoir commis une faute. Le acham s’adressait aux réparations, en plus des offrandes quotidiennes qui permettaient aussi aux prêtres de se nourrir.

Aujourd’hui encore, nous avons besoin de marquer les transitions, d’investir dans les fêtes en famille et entre amis, de réparer nos erreurs, de nous pardonner, et de faire vivre nos maîtres, nos enseignants, nos penseurs et nos thérapeutes et médecins.

Cela nous permet de nourrir à la fois le bonheur et la précision morale.
Cela nous permet de rendre nos vies sacrées, sacer-fere, dans toutes leurs dimensions, joyeuses et douloureuses.
Cela nous rapproche, karev, de nous-mêmes et des autres.

Se sacrifier, c’est se mettre dans une position de faiblesse, et peut-être aussi attendre des autres une reconnaissance, se mettre en état de victime, pousser les autres à une condition de persécuteur ou de sauveur, le trio infernal et fluctuant que démonte la théorie des jeux de l’analyse transactionnelle. Le « sacrifice » victimaire appelle le meurtre ou le suicide, comme dans l’histoire de Caïn et Abel, comme les meurtriers sacrifiés qui commettent des attentats.

Faire un Korban, ce n’est pas sacrifier quoi que ce soit, faire une offrande, ce n’est pas perdre quelque chose. C’est établir une proximité à travers le marquage des transitions de la vie, à travers la consommation de repas ensemble, à travers le rapprochement avec nos valeurs.
Notre tradition refuse le sacrifice au sens martyrologique du terme et nous invite au contraire à nous rapprocher, à faire des kornanot.

Puissions-nous toujours agir dans la liberté en rendant nos vies sacrée, avec l’aide de la merveilleuse pensée de notre tradition.
____

Alors interrogeons-nous. Qu’est-ce qui aujourd’hui nous permet de nous rapprocher ? De nous rapprocher de notre idéal moral en réparant nos faiblesses ? De nous rapprocher de nous-mêmes en nous pardonnant nos faiblesses ? De nous rapprocher des autres en partageant des moments de joie avec nos proches, et avec les « étrangers » ceux qui sont un peu moins proches et peuvent avoir besoin eux aussi de notre chaleureuse amitié ?
La table familiale est censée remplacer l’autel depuis la destruction du temple. Lui donnons-nous cette fonction ? Suffit-elle à nous rapprocher ?
La prière est réputée remplacer le service des offrandes au temple. Arrivons-nous à l’investir de cette façon ? Y aurait-il d’autres choses à faire ?
L’étude nous permet-elle de nous élever comme nous le voudrions ? L’écoute attentive d’un rabbin suffit-elle à nous redonner courage ?
Que pouvons-nous faire pour ne jamais être des victimes, mais toujours des personnes qui prennent en main le caractère sacré de chaque instant de notre vie ?
Voici quelques questions à partager…

Le plaidoyer de Moïse

La paracha de cette semaine est celle de la trahison, de la brisure et de la réparation.

Le veau d’or, les tables de la loi cassées, la discussion entre Moïse et Dieu pour sauver l’alliance.

C’est un puissant message d’espoir et de communication: les difficultés existent dans toutes les relations, mais elles peuvent être surmontées.

Ce chabbat à 9h (accueil) et 9h15 (début de l’étude) nous étudierons les textes et le commentaire de Rachi.

(feuille de source à télécharger: Ki Tissa)

Blasphèmes, Péchés, Crimes et Délits par Mano Siri

Voici les définitions qui étaient à la base de notre atelier de dimanche dernier. Définir les mots permet de recadrer sans violence, de recadrer en fonction d’éléments objectifs. Vous trouverez ici le texte préparé par notre intervenante comme base de la discussion. Pour un petit résumé de nos discussions, voir https://poursurmelin.wordpress.com/2015/01/25/interconvictionnel-surmelin/.

Blasphèmes, Péchés, Crimes et Délits par Mano Siri

Quatre notions qui ont en commun de renvoyer à l’idée de « faute » mais que tout sépare ou rapproche selon le système de valeur auquel on se réfère.
Ainsi en est-il par exemple du blasphème.

Qu’est-ce qu’un blasphème ?
Voilà ce que l’on trouve dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert :
BLASPHEME, s. m. se dit en général de tout discours ou écrit injurieux à la Majesté divine : mais dans l’usage ordinaire, on entend plus spécialement par blasphèmes, les jurements ou impiétés contre le saint nom de Dieu, proférés de vive-voix.
Les Théologiens disent que le blasphème consiste à attribuer à Dieu quelque qualité qui ne lui convient pas, ou à lui ôter quelqu’attribut qui lui convient. Selon saint Augustin toute parole mauvaise, c’est-à-dire, injurieuse à Dieu, est un blasphème : Jam verò blasphemia non accipitur nisi mala verba de Deo dicere. De morib. Manich. lib. II. cap. xj. Ainsi ce serait un blasphème, que de dire que Dieu est injuste & cruel parce qu’il punit le péché originel dans les enfants qui meurent sans baptême. Le blasphème est une suite ordinaire de l’hérésie : puisque celui qui croit mal, parle indignement de Dieu & des mystères qu’il méprise. C’est ce qui s’appelle proprement blasphème.

On a donc là une piste qui met clairement le blasphème du côté du péché, et pas n’importe lequel, le péché qui touche à la question même de Dieu : le blasphème n’est donc pas un simple péché mais un péché contre Dieu ; de plus, et c’est peut-être là l’ambiguïté attachée à cette notion il est aussi une atteinte au dogme, à l’orthodoxie qui énonce ce qu’il faut croire et savoir concernant Dieu et, pour parler comme les chrétiens (puisque l’article ici cité de l’Encyclopédie avait été rédigé par un abbé) contre les mystères de la foi.
Bref le blasphémateur est :
– un pécheur
– un hérétique
– un incroyant

Il pèche contre l’esprit pourrait-on dire : la possibilité qu’existe un délit de blasphème implique donc par conséquent une remise en cause radicale des articles 10 et 11 de la DDHC qui stipulent que « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que celles-ci ne troublent pas l’ordre public établi par la Loi », et « la Libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas réprimés par la Loi ». La DDH (1948) précise dans son article 18 que « Toute personne a droit à la liberté de conscience et de religion : ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites ».

On comprend donc qu’instituer ou laisser entendre qu’il y aurait un « délit de blasphème » laisserait supposer que la loi qui régit la société, la loi politique donc, serait une loi venant de Dieu ou instituée par Dieu et non pas une loi conçue, écrite et promulguée par des hommes en fonction de normes de vie communes – n’intéressant pas le divin – qu’ils se seraient donnés pour pouvoir vivre en paix et en sécurité.
La question de savoir si le blasphème relève du crime, du délit, du non-lieu ou du droit est donc un indicateur du rapport institutionnalisé ou non qu’une société politique établit ou au contraire récuse avec le théologique.
Le propre des sociétés laïques et des Etats de droit est justement de neutraliser le théologique et de le sortir du politique : le blasphème ne saurait y être un délit, encore moins un crime ; il est donc a minima permis (puisqu’il n’est pas interdit) : il peut également constituer un droit au sens où il peut y avoir un droit au blasphème, c’est à dire un droit à l’impiété et à l’hérésie.

Pourquoi beaucoup de musulmans, j’entends par là surtout ceux qui pratiquent ou ont le désir de pratiquer un islam paisible, se sentent-ils néanmoins « agressés », « injuriés », « humiliés » par ce qu’on appelle communément les caricatures de Charlie Hebdo, qu’ils jugent blasphématoires ?
Car ce qui est intéressant ici c’est qu’ils se sentent atteints personnellement par ces caricatures qui mettent en scène le Prophète et le Coran en s’en moquant, mais ne les désigne pas et ne les attaque pas en tant que personnes.
Pourquoi, en d’autres termes, se sentent-ils aussi agressés que nous pourrions l’être quand nous avons affaire à une caricature antisémite c’est à dire à une représentation reprenant systématiquement et intentionnellement (ou non) des traits physiques ou moraux attribués par les antisémites aux Juifs ?
Parce que c’est un fait que les caricatures de Charlie Hebdo les choque et les blesse, pour la plupart.
Comment penser, recevoir et répondre à ce « fait têtu » de la réalité ?

Mano Siri